Fonctionnement d'ABT, et élection présidentielle. Tribune libre
Le blog d’ABT n’est plus un espace de débats, comme il y a quelques années. Certes, les engagements des uns et des autres peuvent expliquer en partie l’apparente défection des militants lors des AG. Mais l’absence d’articles engagés et de débats sur le blog, qui accompagne cette défection, doit nous interroger et nous conduire à mener une analyse plus profonde sur ce phénomène.
Le blog est devenu le lieu des commentaires sur les articles de la presse locale, et la valorisation de la moindre intervention de nos élus. Le moindre article original qui n’est pas dans la « ligne officielle » est jugé « déplacé ». J’ai en effet la nette impression qu’il y a, de manière implicite, non exprimée, une ligne « officielle » sur le blog, qui impose que le moindre écrit soit l’expression de la position officielle d’ABT. Or, l’originalité d’ABT, c’était, jusqu’à une date pas si lointaine, que plusieurs opinions puissent s’exprimer, et cohabiter. Si bien qu’il n’y avait presque jamais d’expression « officielle » d’ABT, mais des avis qui correspondaient au pluralisme convivial des militants d’ABT.
Je ne souhaite pas, en m’exprimant ainsi, poser un jugement extérieur, mais, en tant que membre d’ABT, lancer une réflexion sur ce sujet. Je déplore qu’à l’occasion d’enjeux aussi essentiels que l’élection présidentielle, et les législatives qui vont suivre, rien n’ait été dit ni débattu sur le blog.
Ma contribution par ce commentaire au blog ne pointe personne en particulier, et n’est pas agressive non plus. Elle se veut interrogative et constructive. Je souhaite que si des réponses sont écrites, elles respectent cette retenue.
L'élection présidentielle
Il y aurait beaucoup à dire sur le vote dans un pays dit « démocratique ». Les électeurs ne choisissent pas les candidats. En général, ce sont les partis, ou organisations politiques, qui choisissent. Si bien que très souvent le vote n’est pas un vote d’adhésion, mais un vote stratégique : il s’agit d’éliminer tel candidat plutôt que tel autre. Ou on votera blanc ou nul, ou on s’abstiendra.
Les « primaires » ont-elles permis d’élargir ce choix de façon plus démocratique ? Sans doute un peu, mais les partis organisateurs ont fait peser les contraintes de leurs structures sur le déroulement de ces primaires. Et ils ont montré leurs limites. On aurait pu espérer des primaires plus ouvertes, à droite comme à gauche. Mais les partis organisateurs ont proposé à certains partenaires de participer, et en ont refusé d’autres.
Pour les citoyens non plus, le choix n’était pas ouvert : Chaque « primaire » était supposée s’adresser aux citoyens qui adhéraient aux valeurs défendues par les partis organisateurs. Même si certains électeurs de gauche sont allés voter à la primaire de la droite, et vice-versa, ils ont été minoritaires car on induisait que ne pouvaient voter que les sympathisants.
On a connu des dérives très inquiétantes liées à ces primaires. A droite, personne n’a su, ou n’a pu arrêter la candidature d’un individu mis en examen pour suspicion de détournement d’argent public. Comment, dans une démocratie, aucune institution ne peut-elle stopper la marche en avant d’un candidat soupçonné de telles pratiques ? En-dehors des primaires, la candidate FN a elle aussi été mise en examen pour suspicion de pratiques similaires.
Dans quel pays vit-on ? On croyait ces comportements impossibles dans des pays se réclamant d’une ancienne tradition démocratique. Qu’une institution telle que le conseil d’État ne puisse prendre rapidement une décision sur l’impossibilité pour ces candidats à la plus haute fonction de se présenter est une aberration.
Ensuite, à gauche, le candidat élu à la primaire a été trahi par les personnalités les plus en vue de son propre parti, au mépris du choix des électeurs dits « de gauche ». Voilà encore une aberration et un dévoiement d’une pratique qui paraissait démocratique.
Les candidats.
A ABT nos regards se portent naturellement vers les candidats qui se réclament de la gauche, des valeurs de la gauche, si malmenées depuis tant d’années.
Personnellement, j’ai beaucoup d’estime pour le courage des quatre candidats qui se battent pour ces valeurs :
Nathalie Arthaud. En digne successeur (pas encore de féminin courant pour ce mot) d’Arlette Laguiller, elle veut porter la voix des travailleurs et dénoncer tous les excès du patronat.
Philippe Poutou. Il fait un concours de rapidité d’élocution avec son prédécesseur Olivier Besancenot. Sa voix d’ouvrier a résonné comme l’expression d’une libération de la parole face à des professionnels de la politique. Nul n’a pu l’empêcher de dire à Fillon et Le Pen leur indignité à se présenter en étant soupçonnés de détournement d’argent public. J’ai été très étonné de constater que le NPA était résolument écologiste, sur des positions avancées telles que la fermeture rapide des centrales nucléaires, le passage en 10 ans à une agriculture 100 % biologique, etc... De même, le NPA développe des idées sociales avancées : l'autogestion, la prise en charge collective de l'économie, des problèmes sociaux, etc...
Benoît Hamon. Il a été la surprise des primaires. Son programme résolument social et écologique a séduit bien au-delà des sympathisants PS. Comme beaucoup, j’ai espéré qu’il s’entende avec Mélenchon pour donner aux gens de gauche une bonne chance de connaître un gouvernement enfin de gauche. Mais il est resté prisonnier du PS : celui-ci l’a trahi avec la fuite de bien de ses cadres vers Macron, tout en lui signifiant qu’il était une émanation de ce PS, dont il ne pouvait espérer dépasser le cadre très contraignant.
Jean-Luc Mélenchon. Lui s’est libéré de tout carcan. Il en a irrité plus d’un en semblant la jouer « perso », se présentant sans demander l’avis de personne. Et puis son charisme et son programme très complet ont pris, et il se retrouve parmi les favoris du 1er tour. Il fait espérer à tout le peuple de gauche un basculement de nos institutions vers un fonctionnement enfin beaucoup plus démocratique :
- une 6ème république abolissant les institutions actuelles qui induisent toutes ces dérives très présentes dans cette campagne présidentielle dont on voudrait tant qu’elle soit la dernière à se réclamer d’une véritable monarchie présidentielle
- un programme très riche avec des mesures sociales fortes, une orientation écologiste enfin affirmée, etc...
Tout citoyen se réclamant des valeurs de la gauche devrait trouver parmi ces 4 candidats celui qui correspond le mieux à sa sensibilité du moment...
Jacques Ménochet
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