Hommage à Rémi. Tribune libre
Hommage à Rémi G
N’ayant pas été averti d’un rencontre informelle dans un bar de CC, et ne pouvant me rendre à Lorient hier, je tenais à apporter mon témoignage sur mes rencontres avec Rémi, comme d’autres peuvent le faire. Il est déjà très triste de perdre des gens que l’on aime, et il est important de continuer à les faire vivre d’une manière ou d’une autre.
Jacques Ménochet
Rémi était sur Lorient, je ne l’avais guère vu depuis quelques années, mais il représentait un repère en cette période d’incertitude sur les priorités sociales et écologiques. Je savais que Rémi continuait à vivre selon ses convictions, à travers les routes sinueuses jonchées d’ obstacles politiques, économiques, le manque d’appui sur les causes écologiques, le manque d’adhésion sur des projets dérangeants. Et Rémi savait déranger. Il est venu plusieurs fois à des réunions d’ABT, apportant sa jeunesse et la critique toujours exprimée d’un mode traditionnel de militance, de modes de vie qu’il rejetait, mais il savait qu’on pouvait apporter des soutiens ponctuels aux causes qu’il défendait.
Il a ainsi suivi les travaux d’ABT sur la gratuité des transports, dont il a été l’inspirateur et le conseiller.
Co-créateur du CRADE, il s’impliquait à fond dans cette activité écologique et sociale.
Et il vivait ce qu’il prônait pour lui et les autres. Combien de fois l’ai-je vu grimper en vélo la côte de Kérandon (en partant de la rue Jules Simon), sa fille installée sur un siège fixé sur le porte-bagages arrière, par tous les temps, qu’il pleuve ou qu’il vente. Il amenait sa fille à l’école, dans la classe maternelle bilingue de Kérandon, où officiait Marc V. Marc était le seul, en plus de Rémi, que je voyais emprunter cette même côte pour aller travailler à vélo. Ces deux-là étaient faits pour s’entendre, et ils se sont rejoints au CRADE.
C’est dans le premier local du CRADE, au centre ville, que j’avais retrouvé Rémi un jour d’automne 2011. Il avait lancé un appel pour que des citoyens s’organisent pour soutenir la cause des opposants à l’aéroport de NDDL. Nous étions 3 à cette réunion, Rémi, Marc V et moi. Nous avons décidé de nous désigner comme les membres fondateurs de ce comité de soutien qui a pris de l’ampleur par la suite. Je me souviens en particulier de quelques manifs à vélo partagées avec Rémi et Marc dans les rues de CC, et de quelques manifs à NDDL.
Rémi avait été aussi un des initiateurs du SEL de Concarneau, et je l’ai vu plusieurs fois dans ce cadre.
Après un déménagement du CRADE sur la zone du port, je suis retourné voir Rémi de temps en temps. Lorsque lui et ses amis du CRADE ont été menacés d’expulsion, il a constitué une liste de contacts téléphoniques, afin de ne pas se retrouver isolé avec ses amis lors d’ une expulsion anonyme. C’est ainsi que j’ai pu être averti, comme d’autres, dès le matin choisi par les autorités. J’ai pu aider au transfert des vélos et de tout le matériel dans une camionnette et une remorque. Chacun a pris son temps. Rémi est resté très serein d’un bout à l’autre. C’était un jeune homme calme, avec déjà beaucoup d’expérience des aléas de la vie engagée, mais il savait toujours rebondir, il ne les vivait pas comme des échec personnels.
Il y a moins d’un an, il m’avait appelé car il avait appris, par un mail laconique, le décès de Marc V. Je n’avais pas d’autres informations, et je lui ai donné les coordonnées de Marie-A. Il m’avait rappelé pour me dire les quelques informations qu’il avait glanées.
Je n’ai plus eu de contacts par la suite. Mais un jour, en flânant dans les rues de Lorient, j’ai beaucoup pensé à lui en découvrant des ateliers alternatifs dans un quartier très sympa, je pense qu’il habitait à proximité.