tribune libre - gilets jaunes
La signataire de cette rubrique assume ses propos et ne cherche pas à "convertir" qui que ce soit. Nous savons que dans notre groupe tout le monde n'est pas d'accord pour réagir de la même façon : dans le respect de chacun il est possible de notifier quand même quelques éléments qui pourraient donner lieu à réflexion, à discussion ou à expression publique ... à voir !
Depuis que l'opération "gilets jaunes" a été lancé il y a deux semaines, il paraissait important, et nécessaire pour quelqu'un qui se revendique "contestataire de gauche", d'être attentif aux développements d'un mouvement populaire plutôt inédit.
Il faudrait souligner d'abord combien il apparait positif que des citoyens s'emparent eux mêmes des problèmes qui les concernent, notamment lorsqu'ils ont le sentiment de n'être jamais écoutés. Le mal-vivre et la régression sociale d'une grande partie de la population méritent en effet plus de considération.
Nous vivons dans un pays dont les richesses sont dévoyées au profit des riches ou pour des utilisations qui ne rendent pas service au plus grand nombre, et aux plus précaires en particulier. De plus on ne peut pas taxer indéfiniment sans rendre compte de la façon dont on utilise les impôts, surtout à l'heure où les services publics disparaissent du paysage (marginal?) des quartiers en difficulté ou des zones périphériques.
Il ne s'agit pas d'opposer écologie et social, par exemple, mais de dire qu'en France, avec une vraie volonté politique, on aurait les moyens de faire ce qu'il faut pour que chacun vive décemment dans une société propre, généreuse et solidaire.
Certains de ceux qui se méfient de la politique ont parfois le sentiment que c'est la politique qui les oppresse, parce qu'elle s'est détournée de cette volonté égalitaire. On peut donc penser qu'un tel mouvement peut faire bouger durablement les lignes du combat et du sens de l'action citoyenne par ceux qui sont touchés au cœur de leurs préoccupations essentielles et de leurs exigences les plus élémentaires. Donc, faisons lui confiance sans aucun mépris pour des gens exprimant leur ras le bol d'être à la remorque des "premiers de cordée" qui se foutent pas mal de leurs vrais problèmes. Même si ils ont, parfois, des expressions qui ne nous conviennent pas, notamment dans les tentatives politiciennes de récupération par l'extrême droite, .
Il n'est pas question, à mon sens, que nous, nous tentions de récupérer ce mouvement, mais que nous entendions la colère, et que nous en tenions compte plus que jamais dans nos propositions politiques.
Dominique Dieterlé