16 avril - transat

"Voilà encore bien des mauvais coucheurs, dira-t-on !

Quoi ! vous n'êtes pas contents de la fête populaire à Concarneau, le soleil, les bateaux, la télé, les journaux , la belle amitié des marins et des voileux réunis autour des drapeaux de la concorde ? ça a tout de même une autre allure que vos pancartes dérisoires lors de l'édition 2008 ! "

Ben oui, on dirait presque qu'on a lâché le morceau, qu'on n'arrive plus à se battre contre la grosse machine médiatique qui écrase nos justes revendications

Oui justes ! Car, bien sûr qu'on n'est pas contre la fête, populaire surtout, qu'on n'est pas contre la voile et les voileux, et toute cette belle débauche de technologie de pointe qui équipe nos vaillants transatlantiques... mais quand même .... si on s'arrêtait deux minutes pour réfléchir, loin de l'emballement de notre ville bleue par la pub estampillée, loin du déferlement superlatif de joie extatique face à la formidable marée du nombre de fois où le nom de Concarneau se voit cité sur les médias du monde entier.

J'ouvre mon quotidien du matin, et je vois s'étaler en lettres majuscules "transat AG2R la mondiale"... vous n'avez rien oublié ? Concarneau ? St Barth ? Vous me direz, normal, ce sont eux qui payent, c'est leur pub.

Ah ben non ! c'est Concarneau, ce sont les institutions départementales, régionales, qui payent, cher, très cher, autour de 500 000€ , qui payent avec de l'argent public pour que les rubans flottent au vent joyeux pour nos  multinationales de la finance et de l'assurance ....

Et tout ça en un moment où l'on nous répète à l'envi que les caisses sont vides, que les budgets culture, éducation, sports "basiques", sont au plus mal, en ville ... et ailleurs... au moment où les assos devront payer pour assurer la sécurité au Centre des Arts, au moment où les écoles ferment les unes après les autres, au moment, surtout où les adhérents de "Solidarité Pêche" n'ont pas d'autres choix que de réhabiliter un bateau poubelle pour Haïti quand tous les plans de casse privent les "travailleurs de la mer" de leurs outils de production.

Mais c'est peut être encore un gros mot que de parler d'espace de travail, d'emplois, de solidarité face à la mer ?

Alors ? Vite qu'on fasse couler le champagne des départs enthousiastes sur ce bel espace de désir, de consommation, de luxe, que la mer est en train de devenir dans notre région. Comme disaient hier soir les camarades de l'UDB dans leur conférence : "cette Bretagne qui tourne le dos à la mer"... paradoxal, non ? mais si, réfléchissez, cette mer qui fut la richesse de la Bretagne,  et qui ne nourrit plus ses enfants, voilà qu'en plus elle devient, ou deviendra bientôt inaccessible au plus grand nombre, le nombre de ceux qui restent sur le quai en regardant partir ces bateaux, et bien d'autres, qu'ils ne piloteront jamais

Alors qu'on fasse taire les mauvais coucheurs... jusqu'au moment où nous devrons un  jour, tous ensemble, payer la note de nos imprévoyances, après avoir trouvé sur nos feuilles d'impôts les incidences de ces fêtes "populaires" !

dominique dieterlé