18 octobre - Suzanne George
Entre deux manifs, certains prennent le temps de prendre des notes aux conférences ( fort intéressantes) organisées ça et là !! mercredi dernier c'était à Trégunc
Voici les notes de Marco ... c'est un peu long, mais efficace et utile à méditer !
Introduction : "Vol" du vote contre le Traité de Lisbonne. Notre opinion a été bafouée. La crise actuelle émane d'une minuscule frange, nos solutions sont foisonnantes.
Métaphore : Voir le monde tel une poupée russe organisée en cercles concentriques
* Leur crise
1) La finance
Dans les années 50-60, 50 % de l'investissement allaient à la finance le reste allant à l'investissement, aux outils de production et aux salaires. De nos jours 80% vont à la finance qui a comme seul but de faire de l'argent sans production et sans investissement.
Nos jeunes “cerveaux” veulent devenir "traders" et non plus médecins, ingénieurs, ...
La finance est conduite par des lobbies qui façonnent notre monde (voir la part qu'ils occupent dans la politique Etats-Unienne et maintenant européenne). Ce sont eux qui guident nos choix de société.
Europe : La BCE n'a pas le droit de prêter aux Etats mais prête aux banques à 1%. Celles-ci reprêtent aux Etats à 2,8%. Est-ce normal ?
2) L'économie réelle est produite par de vraies personnes
3) La société est obligée d'obéir aux règles de la finance
4) L'Environnement (au sens écologique) est notre origine, notre source.
* Nos solutions : renverser la sphère des tâches
- La nature est plus forte que nous.
Si nous n'agissons pas il faudra en subie les conséquences (ex : le réchauffement climatique par l'effet d'emballement dans la "production" de CO², ...).
Un impératif : rendre la biosphère habitable (et pas uniquement pour les humains).
Dans le pire des cas la planète nous survivra. Mais la société doit être libre de choisir son futur.
Il nous faut donc agir sur nos activités économiques. La finance ne doit être qu'un outil à notre sevice et non le contraire.
- Qui sont les acteurs à l'origine de cette finance omniprésente ?
La classe internationale de Davos (origine de cette pensée : Klaus Shwarbe (?) prof de business economy). L'idée de cette classe est la constitution de réseaux pour des gens ayant des intérêts similaires.
A l'origine le forum de Davos était gratuit pour tous ces invités. L'idée a tellement bien fonctionnée que tout le monde veut en être et qu'il faut désormais débourser 85 000 $ pour y participer.
Les participants agissent comme une classe soudée.
- Quelle est l'origine des politiques actuelles ?
Il faut remonter au président Roosevelt qui voulu par le Glass Steagall Act la séparation des banques de dépôt (particuliers, entreprises) et des banques d'affaires qui seules pouvaient faire des opérations financières.
Mais en 1998 les USA ont permis la réunion de ces deux types de banques au motif que cette fusion empècherait les banques de s'effondrer en cas de problème ( Too big to fail !).
Ce qui s'est révélé totalement faux. En septembre 2008 les Etats ont dû renflouer les banques à hauteur de 14 800 milliards de $ afin d'éviter un effet dominos et donc un effondrement du système capitaliste mondial. Les banques sont devenues frileuses et ne veulent même plus se prêter entre elles ce qui a généré par exemple la faillite de Lehman Brothers par manque de crédits ainsi que la crise des "subprimes".
Le changement des règles a été obtenu par une offensive tous azimuts des idées depuis 1980 (époque Reagan, Thatcher) notamment celles de la libre circulation des capitaux, de la dérégulation, ...
*Les dogmes du système néo-libéral
1) Le marché est omniscient. Il saura prendre les bonnes décisions donc il faut le laisser libre. Par la bonne allocation des capitaux le marché saura s'autoréguler.
2) Le secteur privé est plus efficace que le secteur public qui est déclaré totalement Inefficace, il ne fait rien car ne sait rien faire. L'Etat est mauvais (sauf pour les militaires et les banques).
3) Il faut une baisse des impôts car chacun (et principalement les banques) aura la liberté de disposer de son argent.
Nous assistons de nos jours à un endoctrinement de la pensée par le grand Capital. Il n'y a même pas besoin de coercition tant ces dogmes sont entrés dans la pensée collective.Tous les lieux où les idées sont produites (universités, justice, partis, médias, think tank) ont été investis (dans tous les sens du terme !). Il y a une hégémonie culturelle à tous les niveaux, une construction idéologique.
La croissance est la mesure de l'argent qui change de mains.
Le déficit budgétaire à 3 % maximum est une idée allemande qui n'est nullement justifiée historiquement et économiquement.
DAVOS a gagné !!! et les peuples ont payé sans trop renacler.
Le monde est désormais dérèglementé, le "marché" et les banques font ce qu'ils veulent et les peuples en paient les conséquences. De fait les banques ne prennent plus aucun risque.
En Europe nous avons vu un transfert de la valeur ajoutée.
Avant le travail recevait 70 % de la valeur ajoutée. De nos jours c'est 60 % pour le travail et 40 % pour le capital (en France c'est même 58/42). Ainsi chaque année 10 % de P.I.B. (soit 1 300 milliards de $) changent de mains en silence.
Cela crée des crises capitales dans le Sud notament concernant l'accès à la nourriture, à l'eau (exemple en 2008 les émeutes de la faim). Même si le climat a joué, le marché des denrées (maïs, blé, soje, riz) a été une cible pour les spéculateurs. Le véritable responsable est le "marché" financier.
L'écologie n'est donc pas à part. Nous assisterons déjà à des conflits liés au changement climatiques (réfugiés, guerres de l'eau, guerres des terres cultivables, ...).
* Les solutions :
1) socialiser les banques, leur donner un cahier des charges (prêts aux familles, aux PME).
2) Tel Roosevelt par une politique keynesienne l'Etat doit opter pour un "Newdeal ware". Il doit effectuer des plans de relance, intervenir pour une économie verte qui serait un vivier d'emplois non délocalisables pour sauver le climat.
Nous avons un manque de volonté politique non de technologie.
Il faut aller chercher l'argent où il est et, notamment, créer une taxes sur les transactions financières.
Cela créerait une espérance, une fédération entre humains.
Nous sommes plus nombreux que ceux de Davos. Nous avons les idées et les techniques.
Il nous manque l'organisation mais à nous tous nous avons les moyens.
Un apport même minime peut changer le système.
QUESTIONS / REPONSES
(le foisonnement des débats ne m'a pas permis de tout noter. Ce qui suis est donc incomplet. Je m'en excuse platement. Marc)
Que faire face au cynisme du système bancaire qui est capable de mettre au point des "emprunts neutrons" qui tuent les gens tout en récupérant leur patrimoine ?
Que faire quand les transactions financières s'effectuent à la nanoseconde ?
Les échanges financiers n'ont aucune utilité sociale. Nous ne devons pas laisser faire et redevenir acteurs. Comment ?
- En opérant une alliance de toutes les structures et mouvements sociaux. Par exemple comme celle qui a permis la tenue de cette conférence : ATTAC, Solidaire, Sud, CGT, FSU, Droits de l'homme.
MAIS il faut les provoquer, ne plus attendre que cela se fasse par le haut. Le niveau local est plus efficace. Les diverses hiérarchies s'adaptent.
Un gouvernement, une commune ne peuvent plus lutter et changer par le haut est très difficile.
Il nous faut donc agir par le bas au niveau d'un département, d'une municipalité.
Les citoyens doivent se réunir et ensemble au travers de commissions diverses décident des changements qu'ils veulent.
Pour l'eau nous n'y sommes pas parvenus à Quimper
R : Certes mais des exemples comme à Paris ou Grenoble montrent que c'est possible. Il ne faut pas lacher prise même si les batailles sont très longues ou n'aboutissent.
- Se mettre d'accord sur la répartition de nos "efforts", de notre P.I.B. :
1/3 du produit servant à réparer les dégâts au Nord
1/3 objectif millénaire Sud (aide au développement)
1/3 pour l'écologie (y compris par un transfert des technologies "vertes" vers le Sud
Il nous faut obtenir une masse critique puissante pour faire valoir notre opinion et agir sur nos gouvernants.
Les solutions sont intellectuelles mais nous connaissons un problème d'infiltration et de surveillance policière. Il faut bloquer l'économie (au niveau informatique, bloquer les routes, ...). L'exemple de lutte comme à la Guadeloupe nous montre que nous pouvons gagner.
R : Oui si cela est fait dans la non violence et que nous soyons unis car les Etats sont plus fort face à des mouvements individuels.
D'autre part une étude a été faite sur ce qu'il se passerait si nous bloquions l'économie. Nous serions à " neuf repas de l'anarchie" soit 3 jours. Il nous faut donc beaucoup de courage mais beaucoup de prudence aussi.
Un intervenant évoque la tenue prochaine d'un "Café repère" à Quimperlé.
S.G. : Nous devons aussi avoir un débat sur les limites maximales salariales honnêtes (30, 50, 100 K€ ?)
Revenir, rappeler les valeurs, les principes fondateurs de la solidarité sociale mis en place au sortir de la seconde guerre mondiale.
Doit-on pratiquer la décroissance . On ne peut plus continuer comme ça car la planète ne le pourra pas.
S.G. : Il y a peut-être d'autre voie que celle-ci. Notamment par la gestion des flux économiques. Produire 100 pour consommer 100. Nos sociétés occidentales font trop de gâchis (Ex les USA où 40 % des productions alimentaires vont à la poubelle). Il faut également fabriquer des produits qui durent longtemps ou qui se recyclent et non plus qui sont consommables et jettables à l'envie.
Copenhague est un échec car les pays riches ne veulent pas se sacrifier
A quelle gauche faire confiance ? Quand on sait que la dérégulation des marchés a été mise en place par Bérégovoy.
A ce stade j'ai lâché l'affaire car ça partait dans tous les sens !!!