3 avril - premier conseil

Publié le par ababordtoute

Intervention au nom de la liste : Conseil du 3 avril

 

Nous avons souhaité prendre la parole au début de cette première séance du nouveau Conseil afin de faire connaître à nos collègues et aux habitants de Concarneau, l’esprit dans lequel nous allons travailler et les objectifs que nous poursuivrons durant notre mandat.

Être dans l’opposition, ou en opposition, est un acte déterminé par les circonstances.
Être une minorité, ou dans une minorité, est un  état de fait sur lequel nous voudrions attirer votre attention car dans notre esprit, une minorité n’est pas la représentation des perdants, mais une force agissante portée par un certain nombre de personnes, d’idées, de valeurs.

Majorité

Nous sommes aujourd’hui face à une majorité de droite. Bien que vous ayez fréquemment récusé cette appellation, M. Fidelin, le fait que la Ministre de l’Intérieur vous ait elle même adoubé pour avoir bouté la gauche hors de Concarneau, ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Nous en prenons acte. Nous nous engageons néanmoins à être constructifs chaque fois que cela sera possible, en nous impliquant notamment dans les commissions municipales et organisations communautaires, et à être combatifs chaque fois que cela sera nécessaire, ce que nous ferons, faut-il le préciser, sur la base d’un engagement politique et non de considérations personnelles.

Vous avez également fait campagne sur une liste présentée comme a-politique. Il est évident que le fait d’être les élus d’une municipalité pour prendre en main les destinées d’une ville est un acte hautement politique. Nous aimerions redonner à ce mot du sens et de l’adhésion populaire : cela ne sera possible que si nous en usons dans les faits avec intégrité, pour le bien de nos concitoyens et dans le respect de ce que le sociologue Max Weber appelait « éthique de responsabilité ».

Minorités

 
Nous sommes aussi placés à coté d’une autre minorité, un peu moins minoritaire cependant, qui se réclame également d'un certain nombre de valeurs de gauche. Cette proximité ne doit pas occulter le droit que nous avons, en tant que minorité, à affirmer notre différence, et à revendiquer notre existence au delà du bipartisme dont nous pensons qu’il amène trop souvent à une dilution  de tout ce en quoi nous croyons. St Exupéry a dit dans ses  Lettres à un Otage : « si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente » . Nous croyons nous aussi que cette différence est pour nous, pour la gauche, pour le peuple, une richesse dont nous aimerions que chacun l’accepte aussi sereinement que possible.
Nous serons les uns à coté des autres pour des combats communs, nous saurons faire converger nos points de vue pour la montée en puissance des revendications sociales, de l’attention aux plus fragiles, de la citoyenneté partagée, de la laïcité, des services publics et des droits des classes populaires. Mais nous ne soutiendrons jamais des projets engagés lors de la mandature précédente contre lesquels nous avons lutté, s’il devaient être mis en œuvre dans les années à venir. Du reste, personne, à commencer par nos électeurs, ne le comprendrait.


Quelle représentation ? 

Si j’en appelle aux électeurs, c’est pour dire solennellement ce dont je suis certaine que nous avons tous conscience. Nous ne sommes pas 33 individualités qui vont gérer une ville comme on gère une entreprise, ou mettre en action leurs seules convictions personnelles, si respectables soient-elles. Nous sommes des élus du peuple en charge de l’intérêt de tous. Chacun de nous en venant ici porte avec lui les voix et les espérances de centaines de concarnois qui lui ont fait confiance et l’ont mandaté pour une mission de service public. Il se trouve que par le jeu de la proportionnelle majoritaire, chacun des membres de la minorité représente une part plus importante de la population. Un électeur sur 8 nous ayant accordé ses suffrages,  c’est une tâche et un honneur dont nous nous acquitterons avec conscience.

 
Mais, nous l’avons souvent répété au cours de la campagne et depuis l’élection, nous sommes tous concernés, au même titre, par les 5400 personnes qui ne sont pas venues voter, quelles qu’en soient les raisons : refus, maladie, précarité, indifférence, dégoût, marginalisation, détresse, ou désobéissance civile.
Nous sommes donc tous, également porteurs des attentes de ceux qui restent sans voix. Leur silence doit être pour nous une exigence supplémentaire : pour réconcilier chacun avec de bonnes pratiques politiques, pour soutenir les faibles dans leurs combats quotidiens, pour ramener toute la jeunesse dans la communauté citoyenne, pour montrer que nous ne sommes ni sourds ni aveugles à la vie et aux avis des autres, pour faire entendre ici ce qui se passe hors les murs de l’institution.


Insubordination
 
Je voudrais terminer sur un mot que M. Fidelin avait utilisé lors de son installation et que je lui avais fait remarquer par la suite. Vous aviez déclaré, monsieur le maire, ne pas vouloir accepter d’insubordination. J’avais supposé que ce terme ne s’appliquait qu’aux élus de votre famille politique, néanmoins, je vous redis publiquement que ce mot nous a choqués.
Que l’on fasse partie de la majorité ou des minorités, personne ici ne peut être le subordonné de qui que ce soit, ni dans son expression, ni dans ses actes, ni dans ses idées, car il arrive, ici comme partout, que la majorité ait tort, que la minorité soit plus clairvoyante, et que les lignes de partage soient plus fluctuantes qu’on ne le croit.

 

Permettez moi, pour illustrer ce propos, de vous faire partager un petit « haïku » (poème japonais) de circonstance : 

Autour de la table

Réunis au nom du peuple

Ils sont tous égaux

 

Publié dans Conseils 2008-2014

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article