29 août - Laïcité

Publié le par ababordtoute

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Tribune libre "La laïcité est-elle soluble dans le sarkozysme?"

 

    On  a vu "le citoyen président et un bon paquet de ministres de la République se signer en entrant et en sortant, jeudi 21 août, en l'église Saint-Louis des Invalides.  Marc Blondel, ancien syndicaliste, devenu patron de "La Libre pensée", ne décolère pas. "C'est anormal et honteux. Quand on représente l'Etat, surtout quand des soldats sont morts en mission pour leur pays, on n'a pas à mélanger le spirituel et le temporel. La nouvelle politique de civilisation prônée par Nicolas Sarkozy s'apparente à un retour en arrière, avant 1905, et à une confusion contraire au texte constitutionnel et à la tradition républicaine."
 

             11 h 35, jeudi: l'hommage aux soldats morts en Afghanistan commence par une cérémonie religieuse, séance de prières, et un chant en latin. "Nous sommes réunis pour entourer les familles, les amis de défunts pour un hommage qui doit rassembler toute la France, explique le prêtre. Nous prierons aussi pour les blessés, pour les camarades qui sont encore à Kaboul."

             Nicolas Sarkozy est assis au premier rang dans la nef. Presque tout le gouvernement est assis derrière lui. La ferveur est palpable. N'est-elle pas en ce lieu et en cette compagnie contraire à la neutralité qu'exige la laïcité? Trois minutes plus tard, le prêtre remercie Dieu "pour le travail qu'ils [les soldats] ont accompli sur cette terre".../

Un vieux projet

 

             On se souvient qu'en décembre 2007, le président français avait défrayé la chronique dans un discours à Saint-Jean-de-Latran dans lequel il affirmait, entre autres, "que la laïcité n'a pas le pouvoir de couper la France de ses racines chrétiennes" et que "longtemps la République laïque a sous-estimé l'importance de la spiritualité".

    

      Nicolas Sarkozy avait récidivé à Doha, le 14 janvier 2008, dans un propos retentissant:

      "Je respecte ceux qui croient au Ciel autant que ceux qui n’y croient pas. (...) Mais j’ai le devoir aussi de préserver l’héritage d’une longue histoire, d’une culture, et, j’ose le mot, d’une civilisation. Et je ne connais pas de pays dont l’héritage, dont la culture, dont la civilisation n’aient pas de racines religieuses. Je ne connais pas de culture, pas de civilisation où la morale, même si elle incorpore bien d’autres influences philosophiques, n’ait un tant soit peu une origine religieuse. Dans le fond de chaque civilisation il y a quelque chose de religieux, quelque chose qui vient de la religion."

             A cette époque, ce discours avait été attribué à sa directrice de cabinet, Emmanuelle Mignon, tout comme la rupture du sarkozyste d'avec une tradition laïque entretenue par les précédents présidents de la République. On ne peut plus le faire aujourd'hui puisque Emmanuelle Mignon a quitté son poste.

 

             A cet égard, il est très intéressant de revenir sur l'hommage aux soldats de jeudi et de faire la comparaison avec celui qui s'est tenu le 2 novembre 1983 dans la même cour d'honneur des Invalides. 58 parachutistes avaient été tués à la suite d'un attentat à Beyrouth.

         Malheureusement, la vidéo ici est très longue, plus d'une heure et quart, mais elle est passionnante. Notamment pour ce qui concerne la neutralité.   

      Où l'on voit que la pompe républicaine sait mêler religion et hommage national. Mais où l'on voit surtout comment une cérémonie œcuménique à l'époque, mêlant prêtre, pasteur et rabbin, ne donne pas la même impression que ce à quoi l'on a assisté jeudi dernier, où seule la religion catholique a été mise en scène. Avec Nicolas Sarkozy au début et à la fin de tout, au centre et sur les côtés. Sans que l'on s'interroge sur la religion des victimes.

        Impression d'autant plus forte qu'en 1983, autour de François Mitterrand, se tenaient Valéry Giscard d'Estaing, trois anciens premiers ministres et l'ensemble des corps constitués de la nation.

    

      Le problème du respect des consciences est posé. Ce point semble étranger à Nicolas Sarkozy qui n'a cessé de faire prévaloir le poids de la religion majoritaire (le catholicisme) depuis qu'il est à l'Elysée...

 

 

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