31 mars - Social et/ou culturel ?

Publié le par ababordtoute

Il s'agit ici de partager librement quelques réflexions nés à propos du projet actuellement engagé à Concarneau sur le futur centre sociel et culturel.
Ces réflexions peuvent donner lieu à controverse, n'hésitez donc pas à faire part de vos analyses et ressentis sur ce sujet !



L’action sociale doit prendre en compte les besoins de l’être humain en société et garantir l’accès aux droits fondamentaux. C'est-à-dire recevoir : la nourriture, les soins, l’éducation, la justice, le travail, les bonnes conditions de vie

La culture est ce qui permet de pouvoir formuler ces droits et ces besoins à l’aide de moyens d’expression communs aux membres d’un groupe social, c'est-à-dire donner, partager, exprimer, créer, revendiquer si besoin est


L’art et la culture, parfois exprimés par un seul individu, sont pourtant toujours l’émanation d’un collectif social, même dans leurs composantes les plus novatrices et les plus créatives, ils ont besoin de s’appuyer sur une tradition, une histoire, des valeurs communes ( même s’il s’agit d’une forme transgressive)


Une société viciée, marchandisée, peut produire un art à son image, vicié et marchandisé, ou encore élitiste et réservé exclusivement à ceux  en ont les moyens. Mais à l’origine, art et culture sont dans leur essence profondément populaires.


Refuser au peuple l’accès, non à la consommation, mais à l’expression culturelle, c’est lui dénier sa qualité d’être social, d’être humain, d’être autre chose que l’animal ou la brute. La capacité à la maîtrise de cette expression s’appelle la culture, elle donne naissance à l’art et à la transcendance des besoins purement biologiques.


Politiquement parlant nous devons revendiquer l’éducation artistique, l’accès de tous à toutes les pratiques culturelles, et la reconnaissance de l’expression des cultures populaires dans leur diversité créative comme aussi essentiels que le droit à la santé, au travail au logement.


Celui qui a faim dans une société d’abondance n’est pas seulement un pauvre, un exclus, il est blessé dans sa dignité de devoir consacrer toute son énergie à la satisfaction de ses besoins les plus basiques : lui donner seulement à manger augmente sa dépendance et fait de lui un assisté ; lui permettre d’exprimer autre chose que ce besoin animal le rend à sa dignité d’exiger lui-même la justice, à sa liberté d’exprimer son humanité, à son désir de partage et de solidarité.


Tous les arts populaires, du jazz au rap, de la danse aux musiques traditionnelles, la peinture aborigène, le théâtre kabuki, la broderie des costumes et les contes ou les mythes, la cuisine chinoise ou les marionnettes indonésiennes, tous ces arts populaires, comme toute transmission éducative, tout langage partagé, ne sont pas nés pour exprimer exclusivement la faim, la misère ou l’esclavage, mais ils ont toujours permis, dans les conditions de vie précaires des peuples dont l’histoire est rarement heureuse, de partager la joie de créer, de fêter, d’embellir la vie,  et parfois aussi de dénoncer l’indignité de celui qui est opprimé ou méprisé.

Ce pourquoi il faut apprendre aux peuples à écrire ou à prendre la parole plutôt qu’à savoir lire, dans la soumission, les règles édictés par les puissants.


Les pratiques culturelles permettent également de sceller les groupes humains autour d’actions communes qui sont facteur de cohésion, d’appartenance et satisfont aussi le besoin de reconnaissance qu’un seul individu pourrait avoir du mal à faire valoir.


La culture n’est pas la cerise sur le gâteau du partage social, elle pourrait en être le ferment.


Réserver l’action sociale à ceux qui sont en galère, et la culture à ceux qui sont à l’aise est une forme de discrimination.

Oui, il faut œuvrer prioritairement, par le biais de l’action sociale, envers les populations les plus en difficulté, mais avec toutes les dimensions de la réalisation humaine qui impliquent la satisfaction de tous ces droits qui sont également nécessaires.

Il me semble que dans une société plus égalitaire, ou plus juste tout le monde devrait avoir le droit au « beau », et pas seulement à l’utile.


Un mot aussi fameux que malheureux du PDG de TF1 parlait de  "notre temps de cerveau disponible" offert à Coca Cola …

Dans notre vision du politique que faisons-nous de ce temps de cerveau disponible ? A quoi ou à qui allons-nous l’offrir ?




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