15 juillet - littoral
Cet article est intéressant, comme sans doute le livre de Merckelbagh, en ce qu'il reprend avec un peu de caution scientifique ( L'auteur est économiste) des idées que nous avons maintes fois défendues , jugées par ailleurs comme hautement fantaisistes par tous ceux dont la défense des intéreêts financiers n'a dégal que l'aveuglement sur les 20 ans à venir de notre territoire voué à une mort certaine en raison de l'éloignement forcé des jeunes actifs et des ménages aux ressources modestes
"Et si le littoral allait jusqu'à la mer ?», d'Alain Merckelbagh. Editions Quae.
Le littoral va-t-il devenir « une mégalopole fripée et friquée » ? C'est le danger, selon Alain Merckelbagh. L'économiste met les pieds dans le plat, au moment où la Bretagne est la région où l'on construit le plus sur le littoral.
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Depuis la fin des années 80, le littoral s'est développé sans autres freins que les prescriptions de la loi littoral, dans ce que j'appelle le «résidentialo-tourisme», qui domine sur le plan de l'occupation de l'espace, et aussi sur le plan de l'occupation des esprits.
Quand on dit: « Les Français tournent le dos à la mer», je dis non ! Ils sont installés de préférence en front de mer, pour la regarder. Mais elle doit être virginale ! Cachez de ma vue ces cages à poissons !
Si l'on prend l'aquaculture, il n'y a pas eu d'autorisation d'exploitation depuis dix ans !
Un autre exemple: les golfs des communes littorales représentent l'équivalent de 26 % de la surface des plages de France. Or, les golfs au bord de l'eau, cela n'a pas posé de problèmes !
Et les ports de plaisance ? Utilisés en moyenne deux semaines par an, ce sont d'abord des parkings. Sont-ils d'intérêt public ? Cela ne pose pas de problèmes, parce que c'est du résidentalio-touristique !
Que faire ?
Il faut un développement équilibré du littoral, nécessaire pour la vie sociale. Il faut redonner leur place aux activités qui y ont naturellement leur place. La pêche fait partie du paysage mais les formes nouvelles d'aquaculture sont rejetées /... au détriment de la diversité économique et sociale
Ce qui nous guette sur le littoral, c'est un vieillissement de la population.Les plus de 60 ans constituent 21 % de la population. Sur le littoral, on passe à 25% et dans certaines zones, à 35 ou 40% !
Que préconisez-vous ?
L'espace littoral est rare. Il y a une demande de plus en plus forte et le prix du foncier est exorbitant ! /...
La diversité sociale est importante. Les enfants des « locaux » ne peuvent pas rester sur le littoral, même s'ils y travaillent. Ils n'en ont pas les moyens ! C'est un vrai problème social. Comment peut-on le traiter, sinon par une politique active ? Un Office foncier a été créé. C'est bien, mais ça ne suffit pas. Je pense qu'il faudrait une taxe sur les plus-values foncières, au bénéfice de logements sociaux.
(Propos recueillis par Catherine Magueur Le Télégramme du 15 juillet 2009)
A lire aussi :
de Yves Lebahy, Ronan Le Délézir, Jean Gosselin, François Hervé, Florence Le Crenn
"Le littoral agressé : Pour une politique volontariste de l'aménagement en Bretagne" (Edtion Apogée - Broché)