Charité médiatique, ou combat politique ? Tribune libre...

Publié le par ababordtoute

Les restos du cœur, le secours populaire, Caritas…

Comment pouvons-nous supporter encore une fois l’existence de ces organisations ?

Le scandale n’est pas leur action, c’est le fait que nous soyons revenus au temps des sociétés de bienfaisance.
Spots télés, sollicitations par courrier, par courriel, dans les supermarchés…
Comment résister à ce déferlement, comment choisir ? J’en suis à me dire que je vais avoir une charité sélective, répondre à quelqu’un qui me tend une sébille :

-        -   Désolé, j’ai MES pauvres.

Je n’en suis pas là mais j’en ai marre.
Marre d’entendre des retraités dire qu’ils n’en peuvent plus. Apprendre que les restos et le secours populaire ont entre 10 et 15% de demandeurs en plus .Entendre qu'il y a des TRAVAILLEURS PAUVRES!
Comment donner encore quand nous, les anciens jeunes, aidons nos enfants et petits enfants à survivre !

Il y en a marre, ras le bol, plein les bottes pour ne pas dire autre chose.

Nous sommes citoyens d’un pays riche et puissant.

Plus de larmes citoyens, AUX ARMES !

 

  Michel Moysan

 

 

Commentaires :

 

Michel, je pensais que ton texte, provocateur dans la forme et sur le fond, allait susciter des réactions qui auraient permis un débat sur ces questions, souvent peu abordées dans la sphère publique, tellement ce phénomène de « médiatisation de l'appel à la générosité individuelle » est devenu une évidence jamais discutée. Or, ton texte semble glisser sur une indifférence généralisée...
Cette irruption de l'initiative privée dans le domaine public est constante. En même temps, on ne peut se contenter de dire : cela relève de l'Etat, des services publics, d'une action publique organisée. Car l'Etat, ou le service public, c'est aussi nous, les citoyens. Alors, quand on prépare une campagne électorale, il faudrait avoir des idées à apporter sur ces thèmes.
J'ai toujours pensé que l'Etat se reposait complètement sur l'aide privée, sur le "bon coeur" des citoyens considérés dans ce cas comme des individus, pour pallier aux effets des inégalités sociales, dans beaucoup de domaines qui relèvent de l'ancienne "charité" : les telethon, sidaction, restos du coeur, etc... encore que dans ce dernier cas les entreprises soient largement mises à contribution.
Mais ce calendrier de la charité, voulu par les associations, relayé, très inégalement d'ailleurs (certaines causes font recette, d'autres sont délaissées car ne pouvant donner lieu à des spectacles lucratifs en termes d'audience), par les medias qui en rajoutent dans une moralisation de la vie des individus, moralisation qui permet de ne désigner que des valeurs individuelles et d'ignorer les bases d'une prise de conscience de l'absurdité de notre organisation collective, tout cela donc, permet d'occulter les problèmes du pays -que révèlent ces inégalités-, qui sont d'ordre socio-politique, d'oublier les cassures sociales, les causes des inégalités, et de promouvoir la générosité comme valeur suprême, en culpabilisant ceux qui ne rentrent pas dans ce cirque avant tout médiatique. Or, un des rôles de l'Etat c'est de compenser en partie les inégalités, et de redistribuer en partie les richesses, de sorte que personne ne soit laissé à l'écart de la richesse globale d'un pays, d'une région, d'une commune. De même, la mondialisation apporte au moins une prise de conscience globale qui dépasse les frontières et mobilise tous les Etats autour des inégalités économiques, mais aussi celles liées aux phénomènes géoclimatiques. Ici encore, l'appel à la générosité des individus comme remède suprême aux inégalités et aux catastrophes permet aux Etats de modérer leurs contributions.
Cependant, je suis toujours étonné de constater que beaucoup de petites gens adhèrent à ce modèle (modèle imposé par la médiatisation, et qui arrange bien les politiques). Donc, comment peser dans l'autre sens et convaincre ces petites gens que la priorité est le renversement de l'organisation sociale qui laisse fleurir les inégalités, et ne traite le problème que dans la perspective de mobiliser les individus en tant que « potentiellement moraux » ?
Le problème de l'utilisation de la morale en politique est très intéressant. Quand rien ne va, on ressort les vieilles ficelles de la morale, toujours individuelle, qui, à l'instar des religions, est considérée comme relevant du domaine privé et donc peu susceptible d'apporter des remises en cause politiques.

Jacques Ménochet

 

 

J'ai bien aimé l'article de Michel, et j'apprécie le commentaire de Jacques, comme c'est souvent le cas , mais pour autant je n’interviens pas à chaque fois dans le débat parce que je me sens submergée d'infos, de mails, de débats passés présentes et à venir, et que j'ai parfois l'impression que nous ne sommes pas assez dans l'action, sur le terrain, avec ces gens dont tu parles Jacques, que cet article sur le blog ne fera pas changer d'avis, parce qu'ils ne le liront pas. Mais peut-être que je me sens plus utile en discutant avec les "donateurs" le jour de la collecte alimentaire, en étant aux commissions communales et intercommunales, pour bien connaître la situation des gens et interpeller sans cesse les élus sur leur, sur nos, responsabilités. Ceci étant un plaidoyer pour que les gens qui hésitent à s'engager n'hésitent plus, on a besoin de toutes nos forces.

 Dominique Diéterlé

 

 

Merci les amis.

J'ai rédigé ce texte sur le coup de l'indignation. Comment se fait-il que l'on trouve du fric en masse pour sauver les responsables de la crise : les spéculateurs, les banquiers irresponsables etc...
Le cri que je pousse à la fin, AUX ARMES, est pour faire prendre conscience à tous que nous sommes tous capables de faire plier quel régime que ce soit par la volonté du peuple. Je cite l'article que je préfère dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, article 35 qui a été zappé par la bourgeoisie triomphante:
"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs".
YAKA, et je souhaite voir avant de mourir le lendemain du grand soir
Salut et Fraternité citoyennes et citoyens.
Michel

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M
Merci les amis.<br /> J'ai rédigé ce texte sur le coup de l'indignation. Comment se fait-il que l'on trouve du fric en masse pour sauver les responsables de la crise : les spéculateurs, les banquiers irresponsables<br /> etc...<br /> Le cri que je pousse à la fin, AUX ARMES, est pour faire prendre conscience à tous que nous sommes tous capables de faire plier quel régime que ce soit par la volonté du peuple. Je cite l'article<br /> que je préfère dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, article 35 qui a été zappé par la bourgeoisie triomphante:<br /> "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs".<br /> YAKA, et je souhaite voir avant de mourir le lendemain du grand soir<br /> Salut et Fraternité citoyennes et citoyens.<br /> Michel
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D
j'ai bien aimé l'article de Michel, et j'apprécie le commentaire de Jacques, comme c'est souvent le cas , mais pour autant je n’interviens pas à chaque fois dans le débat parce que je me sens<br /> submergée d'infos, de mails, de débats passés présentes et à venir, et que j'ai parfois l'impression que nous ne sommes pas assez dans l'action, sur le terrain, avec ces gens dont tu parles<br /> Jacques, que cet article sur le blog ne fera pas changer d'avis, parce qu'ils ne le liront pas. Mais peut être que je me sens plus utile en discutant avec les "donateurs" le jour de la collecte<br /> alimentaire, en étant aux commissions communales et intercommunales, pour bien connaitre la situation des gens et interpeler sans cesse les élus sur leur, sur nos, responsabilités. Ceci étant un<br /> plaidoyer pour que les gens qui hésitent à s'engager n'hésitent plus on a besoin de toutes nos forces
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J
Michel, je pensais que ton texte, provocateur dans la forme et sur le fond, allait susciter des réactions qui auraient permis un débat sur ces questions, souvent peu abordées dans la sphère<br /> publique, tellement ce phénomène de « médiatisation de l'appel à la générosité individuelle » est devenu une évidence jamais discutée. Or, ton texte semble glisser sur une indifférence<br /> généralisée...<br /> Cette irruption de l'initiative privée dans le domaine public est constante. En même temps, on ne peut se contenter de dire : cela relève de l'Etat, des services publics, d'une action publique<br /> organisée. Car l'Etat, ou le service public, c'est aussi nous, les citoyens. Alors, quand on prépare une campagne électorale, il faudrait avoir des idées à apporter sur ces thèmes.<br /> J'ai toujours pensé que l'Etat se reposait complètement sur l'aide privée, sur le "bon coeur" des citoyens considérés dans ce cas comme des individus, pour pallier aux effets des inégalités<br /> sociales, dans beaucoup de domaines qui relèvent de l'ancienne "charité" : les telethon, sidaction, restos du coeur, etc... encore que dans ce dernier cas les entreprises soient largement mises à<br /> contribution.<br /> Mais ce calendrier de la charité, voulu par les associations, relayé, très inégalement d'ailleurs (certaines causes font recette, d'autres sont délaissées car ne pouvant donner lieu à des<br /> spectacles lucratifs en termes d'audience), par les medias qui en rajoutent dans une moralisation de la vie des individus, moralisation qui permet de ne désigner que des valeurs individuelles et<br /> d'ignorer les bases d'une prise de conscience de l'absurdité de notre organisation collective, tout cela donc, permet d'occulter les problèmes du pays -que révèlent ces inégalités-, qui sont<br /> d'ordre socio-politique, d'oublier les cassures sociales, les causes des inégalités, et de promouvoir la générosité comme valeur suprême, en culpabilisant ceux qui ne rentrent pas dans ce cirque<br /> avant tout médiatique. Or, un des rôles de l'Etat c'est de compenser en partie les inégalités, et de redistribuer en partie les richesses, de sorte que personne ne soit laissé à l'écart de la<br /> richesse globale d'un pays, d'une région, d'une commune. De même, la mondialisation apporte au moins une prise de conscience globale qui dépasse les frontières et mobilise tous les Etats autour des<br /> inégalités économiques, mais aussi celles liées aux phénomènes géoclimatiques. Ici encore, l'appel à la générosité des individus comme remède suprême aux inégalités et aux catastrophes permet aux<br /> Etats de modérer leurs contributions.<br /> Cependant, je suis toujours étonné de constater que beaucoup de petites gens adhèrent à ce modèle (modèle imposé par la médiatisation, et qui arrange bien les politiques). Donc, comment peser dans<br /> l'autre sens et convaincre ces petites gens que la priorité est le renversement de l'organisation sociale qui laisse fleurir les inégalités, et ne traite le problème que dans la perspective de<br /> mobiliser les individus en tant que « potentiellement moraux » ?<br /> Le problème de l'utilisation de la morale en politique est très intéressant. Quand rien ne va, on ressort les vieilles ficelles de la morale, toujours individuelle, qui, à l'instar des religions,<br /> est considérée comme relevant du domaine privé et donc peu susceptible d'apporter des remises en cause politiques.
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