hôpital en danger

Publié le par ABABORDTOUTE

Article dans le Ouest France du 12 avril 2019 - pas grand chose à ajouter au témoignage poignant de ces personnels de santé. En revanche, comme on le verra aussi sur l'article rendant compte de la réunion organisée peu avant par le comité de défense, le député de la circonscription est droit dans ses bottes et votera sans états d'âme les lois en cours sur la nième ré-organisation de la santé publique pondue par Madame Buzyn

Prochaine ACTION décidée par le comité de défense:

DÉPLACEMENT EN CAR à RENNES LE JEUDI 18 AVRIL POUR "ACCOMPAGNER" NOS ÉLUS A L'ARS.

RV à 7H30 place de la gare à CONCARNEAU (s'inscrire auprès du comité de défense)

TÉMOIGNAGE. « À l’hôpital de Concarneau, les urgences ne fonctionnent déjà plus » Recueilli par Stéphane BACRO., le 11 avril 2019 à 20h30

Après la fermeture des urgences de nuit et de la ligne de Smur de Concarneau (Finistère), le comité de défense de l’hôpital s’inquiète de la possible disparition des urgences de jour. Une infirmière témoigne, et dénonce les conditions de travail au sein des urgences, mais également de la maison de retraite Les Embruns.
« On s’inquiète du devenir des urgences de Concarneau (Finistère). Mais il faut savoir qu’elles ne fonctionnent déjà presque plus. Elles sont ouvertes de 9 h à 19 h, mais il n’y a pas de médecin urgentiste présent sur place durant ces dix heures. Le médecin arrive quand il le peut, lorsque l’activité est moindre à Quimper, souvent dans l’après-midi. Du coup, les patients sont obligés d’attendre durant plusieurs heures. Ou on les enregistre à Concarneau, et on leur dit de se rendre à Quimper. Pour les urgences vitales, on fait appel au Samu (service d’aide médicale urgente).

Autre problème : il n’y a plus de radiologue à l’hôpital. Il y a certes des manipulateurs, mais ils ne peuvent pas faire tous les examens. À Concarneau, les urgences sont un service de « bobologie ». Vous êtes tombés, vous êtes ouvert, on vous fait patienter le temps que le médecin arrive et on vous fait deux ou trois points de suture. Résultat : les urgences à Quimper sont saturées. Le personnel est débordé. La semaine dernière, une dame âgée est restée quatre heures sur un brancard. Il a fallu que son fils s’énerve pour qu’on la prenne en charge. Les médecins urgentistes, eux, sont épuisés. Car, en plus de leur travail, ils doivent effectuer des trajets entre Douarnenez, Quimper et Concarneau. Comment voulez-vous qu’ils fassent du bon boulot dans ces conditions ?

À Concarneau, certains patients, après quatre ou cinq heures d’attente, finissent par s’énerver. Ce qui peut engendrer de la violence. Dernièrement, un collègue aide-soignant a porté plainte car quelqu’un a menacé de « lui faire la peau », geste à l’appui. Aux urgences, le personnel est livré à lui-même.

Le Chic (centre hospitalier de Cornouaille) manque de médecins urgentistes. Il fait donc appel à des intérimaires, qui sont payés plus de 1 000 € pour une garde de 24 heures (la loi prévoit un plafond à 1 287,00 € brut). On a donc de l’argent pour prendre des intérimaires, mais pas pour former des médecins qui resteront sur le territoire. J’ai du mal à comprendre qu’on puisse payer un médecin 3 000 € par mois, et donner plus de 1 000 € à un intérimaire pour une garde…

À la maison de retraite des Embruns, qui dépend de l’hôpital, les infirmières ont sept minutes pour s’occuper de chaque patient. Elles ne font que courir. Le soir, chaque aide-soignant doit s’occuper de quinze à dix-neuf personnes au moment des repas. Certaines personnes sont dépendantes. On ne les nourrit pas. On les gave comme des oies car on n’a pas de temps à leur consacrer. Le week-end, il n’y a pas assez de personnel. Certains résidents ne sont levés qu’un jour sur deux. La nuit, il y a une infirmière et une aide-soignante pour cent résidents ! Comment bien travailler dans ces conditions ? À cette question, la hiérarchie répond que nous sommes mal organisés…

On reçoit aux Embruns de plus en plus de personnes relevant de la psychiatrie. Or, le personnel n’est pas formé pour s’occuper de ce public. Si la personne devient violente et qu’elle ne peut pas être soignée à l’hôpital psychiatrique de Gourmelen faute de place, on l’enferme ou on l’assomme de psychotropes. Pour certains examens, on demande désormais aux familles de venir prendre leurs parents. Certaines ne peuvent pas. Elles font donc appel à des ambulanciers privés. Malgré cela, le directeur (Jean-Pierre Heurtel) veut « sucrer » aux 3 000 agents de l’hôpital deux jours de RTT. Le but de la manœuvre est d’économiser huit postes d’infirmière et huit postes d’aide-soignant. En faisant ça, on court à notre perte.

Pour compenser ces deux jours, le personnel terminera quatre minutes plus tôt chaque jour… Le directeur s’imagine, sans doute, que nous sommes à la minute. Quand une infirmière sera en train de faire une injection et qu’elle verra qu’il est l’heure de partir, elle dira donc : « Excusez-moi Monsieur, mais j’ai terminé mon service, je m’en vais. » En maison de retraite, elle dira : « Désolé, Madame, vous êtes par terre, mais patientez. Mes collègues se chargeront de vous relever car j’ai fini ma journée… » Nos maisons de retraite vont bientôt ressembler aux hospices du début du siècle. Cela me révolte. »

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