gratuité
Notre groupe travaille depuis deux mandats sur la gratuité de certains services publics : nous avons évoqué depuis longtemps les transports gratuits. Nous avons reçu depuis peu des informations sur la possibilité des cantines gratuites.
Beaucoup de gens sont encore réticents sur ces sujets , y compris dans ceux qui se disent "de gauche" . De fait les services de transports gratuits ont été clairement le fait de municipalités de gauche comme de droite sur la France entière et ailleurs. Voir à ce sujet le travail que nous avons accompli sur cette thématique depuis 2011 ( même s'il convient de réactualiser les chiffres!)et de nombreuses relations d’expériences sur ce blog !cliquer ici : GRATUITE
Un argumentaire plus général a été le fruit d'une conversation entre deux membres d'ABT. Voici le résultat de cet échange :
1° Certains refusent d'utiliser ce mot à cause de l’ambiguïté qu'il véhicule dans l'esprit des gens. Il est vrai que rien n'est jamais gratuit puisque ce sont nos impôts (directs et indirects – c'est à dire que tout le monde paye pour cela) qui contribuent au bien commun.
C'est l'Etat, ou la Région, ou la commune qui décident au final que tel service, ou tel bien, seront accessibles gratuitement et que les autres seront payants : les routes, les ronds points fleuris, les écoles publiques, les pavés devant la ville close, les médiathèques, le pont du Moros, les stades, les animations d'été sont gratuits. Les bus, les spectacles au CAC, la cantine scolaire, l'école de musique, certaines salles municipales, les parkings sont payants. Ces décisions peuvent être justifiées. Néanmoins quelle différence y a-t-il vraiment entre les unes et les autres ?
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l'usage auquel nous sommes habitué, et qui nous interdit de changer de regard
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la décision d'une autorité, en l’occurrence celle de la municipalité. Il s'agit donc bien d'un choix politique
2° est-il démobilisateur pour la citoyenneté d'offrir des services gratuits ?
L'expérience des nombreuses villes ayant expérimenté ces services (par ex le transport), montrent que les équipements et véhicules ne sont pas plus dégradés que lorsqu'on fait payer.
De plus une telle assertion peut aller à l'encontre de ce que les gens disent parfois par « je paye donc je fais ce que je veux ». Au contraire qui est gratuit c'est ce qui appartient à tous, donc à moi, je vais en prendre soin dans mon intérêt propre. Une telle affirmation est de plus porteuse d'un jugement négatif et déresponsabilisant.
3° Ne serait-il pas plus juste de faire payer à chacun selon ses moyens ? Normalement c'est l'impôt qui joue ce rôle, effectivement dans un système imparfait on peut en discuter. Mais les services gratuits sont ceux qui sont utiles à la communauté dans son entier donc à chacun sans effet discriminatoire.
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les transports gratuits favorisent le retrait de l'automobile : c'est un acte écologique qui profite donc à tous et favorise de plus une prise de conscience nécessaire et solidaire.
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Tous les enfants de l'école publique, laïque et républicaine ne sont que des enfants quel que soit leur milieu d'origine. Concevoir la cantine comme un service inclus dans le cursus scolaire est un choix politique qui peut être assumé afin de maintenir à égalité tous les enfants, en préservant leur santé par une nourriture équilibrée et de qualité. ( si des parents plus aisés veulent faire des dons à la caisse des écoles, est-ce possible ? )
4° les choix budgétaires. Plutôt de rendre certains services gratuits, ne pourrait-on pas utiliser cet argent exclusivement pour ceux qui en ont besoin ?
Là encore le vivre ensemble suppose une attitude non discriminante, d'où par exemple l'intérêt du territoire zéro chômeur qui n'est pas le don pur et simple d'une allocation - en échange parfois d'un « bénévolat obligatoire »- mais une intégration de volontaires dans le groupe social sans y perdre leur dignité.
De la même façon l'accès à la gratuité de plusieurs services (ce qui en réalité ne coûte pas si cher) peut être compensé par des diminutions budgétaires sur des postes consacrés à des opérations de prestige, de communication, ou de façade (les exemples ne manquent pas à Concarneau) qui ont tendance à favoriser « gratuitement » les quartiers riches ou les espaces les plus visibles de la ville. Ce rééquilibrage entre le gratuit et le payant est donc bien une simple question de regard.
Car on peut aisément retourner l'argumentaire en dénonçant tout ce qui est gratuit, c'est à dire exclusivement payé par les recettes publiques sans notre assentiment, comme par exemple au niveau de l’État le budget militaire, le CICE, ou le soutien aux banques etc... Quant à notre ville, les bénéficiaires n'ont pas protesté contre l'aménagement des abords de la thalasso, la construction d'un tennis à la limite de la réglementation (zone plus ou moins protégée) ou l'allocation démesurée à un club de foot (chercher d'autres exemples)...