2 mars - Père de famille

Publié le par dominique dieterlé

J'ai déjà écrit quelque part combien cette expression utilisée autant par Mr Fidelin dans son programme , qu'en son temps par Mr Le Bris lorsqu'il était maire ( et on peut penser que son successeur la reprendrait facilement à son compte ) combien cette idée, donc de gérer la ville en "bon père de famille" porte, encore plus qu'il n'y parait au premier abord, une conception dépassée de la politique qui doit faire réagir !

Paternalisme
Notez bien tout d'abord, messieurs les candidats, que les électeurs ne sont ni vos fils, ni vos filles et que vous n'avez pas lieu de vous targuer de cette expression du paternalisme le plus désuet pour les rassurer sur vos programmes et vos ambitions. Si, pour changer un peu, vous considériez vos concitoyens comme des égaux, des adultes assez politiquement mûrs pour savoir ce qu'ils veulent pour leur vie, pour leur ville, sans leur demander la confiance aveugle du maître qui connait tout, du bon "papa qui sait ce qui est bon pour vous" ? Si vous basiez la politique, votre politique, c'est à dire notre futur, sur le partage des pouvoirs et des savoirs et non sur la confiscation, le mépris de ceux que vous considérez comme ignorants et pas assez expérimentés pour décider eux mêmes de cette chose trop sérieuse pour être confiée à des "enfants" : leur avenir ?


Patriarcat
Ensuite, il y a cette idée, plus sournoise encore, que celui qui gère bien les affaires est forcément un homme, un homme d'âge, de maturité et d'expérience. Un père. Pas une mère. Pas une femme. Pas un jeune. Pas quelqu'un en tout cas qui est certainement bien incapable de savoir ce que c'est que de mener sa vie, de gérer son quotidien, d'avoir des projets pour la politique, des idées sur la façon dont il aimerait voir aller la planète, l'économie, la culture, ou l'avenir des peuples. Domaine depuis longtemps réservé aux gens sérieux, et constamment démenti par les faits. Ce sont les femmes en majorité qui gèrent la vie de famille, qui jonglent entre boulot, courses, et enfants, qui font trois journées en une, qui militent dans les associations, et qu'on juge en dépit de cela encore bien souvent incapables d'exercer un quelconque pouvoir et de prendre les bonnes décisions. Peut être parce que, de ce pouvoir de type  patriarcal et obsolète, nous ne voulons plus ? peut être parce que nous aimerions que l'exercice du pouvoir soit autrement vécu ?


Patrimoine
Enfin, il me semble que cette gestion de "père de famille" renvoie au bout du compte à l'idée qu'une fonction municipale se réduit à la  bonne administration d'un patrimoine financier, matériel, mobilier et immobilier. La ville comme une mariée bien dotée qui n'attend que les bras d'un solide prétendant pour vivre bourgeoisement son existence provinciale. On dirait du Maupassant !
Nous pensons, nous que la ville, ce sont des gens, des gens avec leurs différences, leurs difficultés, leurs envies, leurs volontés. La ville est un lieu de vie. Ce que l'on aime dans une ville, ce ne sont pas seulement les murs, le cadre et l'océan, ce sont les gens qui y vivent, ce qui ne peut pas réduire la municipalité à une officine de gestion, le programme à un catalogue publicitaire, l'espérance des habitants à l'image médiatique de leur espace de travail, de logement, d'éducation, de culture, mais aussi à leurs luttes, leurs résistances et leurs problèmes.
La ville de Concarneau, et donc ceux qui y vivent  n'est pas seulement Close sur son histoire patrimoniale, elle souffre quand ses habitants souffrent, elle sait se réjouir d'être ce qu'elle est, elle veut un avenir pour y travailler. 

Elle n'a pas besoin d'un père de famille mais d'une collectivité qui se construise sans oublier personne.
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