racines

Publié le par ababordtoute

après ce lourd week end de bondieuserie ( anti laïc) , de monarchie décadente ( anti-républicain) , de crypto fascisme à la sauce marinière ( anti-démocratique) , et en plus y'avait plus de muguet dans les jardins ouvriers ( c'est la faute au réchauffement ?)  ouf ....  et la fête du travail dans tout ça ?

 

trouvé un petit texte sur Internet qui en fera bondir certains ici même, surtout en raison de son auteur, dont on peut un peu se méfier, Jacques Attali, mais pas mal tourné du point de vue de l'historien

d.d

 

ouvrons le débat, comme d'hab !

 

" A quoi sert-il de parler des «racines» d'un pays, comme le font le président de la République et toute la droite, sinon à donner, implicitement ou explicitement, à ceux qui s'y rattachent un droit de propriété sur le pays, ou au moins une priorité sur les autres citoyens? En particulier, parler de racines chrétiennes voudrait-il dire qu'il convient de donner aux chrétiens la propriété de la France, ou au moins une priorité sur les autres citoyens? Mais quelle priorité? Et si un chrétien devenait athée ou musulman ou bouddhiste, perdrait-il ces privilèges? Absurde.

D'abord, jusqu'où s'enfoncent les racines de la France? Jusqu'au paléolithique, quand on identifie les premières populations sur le territoire de ce qui devint ensuite notre pays? Jusqu'à l'an 481, quand un roi franc, Clovis, la conquiert? Ou seulement jusqu'en 1190, quand la France prend ce nom?

Ensuite, de quels peuples les Français d'aujourd'hui sont-ils issus? Toute cette page ne suffirait pas à nommer les Vandales, Burgondes, Alains, Suèves, Bituriges, Arvernes, Eduens, Ambarres, Carnutes, Aulerques et autres qui y ont fait souche! Sans compter, plus tard, des Normands, des Anglais, et tant d'autres.

Enfin, quelles religions se sont succédées sur son territoire? Là encore, il faudrait des pages pour nommer les innombrables variantes de religions celtes, gauloises, grecques, romaines ou juives qui se sont suivies ou ont cohabité sur notre territoire avant l'arrivée des multiples versions du christianisme. Et dans une partie de la France d'aujourd'hui, connue alors sous le nom de Septimanie, des musulmans ont fait souche au VIIIe siècle, avant que la chrétienté n'y soit vraiment dominante. Et si les premiers rois de ce qui deviendra bien plus tard la France ont choisi, au ve siècle, de devenir chrétiens, l'héritage d'un pays laïque ne se réduit pas à la religion d'un monarque, Clovis, qui a d'ailleurs décidé de devenir chrétien après quinze ans de règne, et surtout pour des raisons politiques, soucieux de l'alliance avec la puissante famille de sa deuxième épouse, Clotilde.

Cela n'est pas propre à la France: si on cherchait les racines d'autres pays, on aurait les mêmes surprises. L'Angleterre porte le nom d'un peuple allemand; l'Allemagne, celui de trois peuples différents, suivant la langue dans laquelle on la nomme; la Russie celui d'un peuple qu'ailleurs on nomme les Vikings.

Il ne faut donc pas jouer avec les mots: la droite ne nous parle des racines que pour nous dire qu'elle refuse les fruits. Mettre en avant l'héritage chrétien du pays, c'est exclure ceux qui ne se reconnaissent pas dans cette foi, et même ceux qui, chrétiens, ne veulent pas confondre leur foi et leur citoyenneté. C'est d'abord une petite manoeuvre pour exclure les musulmans, ainsi que pour minimiser le formidable héritage des Lumières, qui commencent d'ailleurs en France au XIIe siècle avec l'arrivée, par des traducteurs juifs, de textes musulmans porteurs de la pensée grecque...

C'est de tout cela qu'il faut être fier. C'est cela qui fait la grandeur de ce pays.

Une culture, une religion ou une nation ne peut survivre si elle se préoccupe d'exclure plutôt que de séduire, si sa légitimité se limite à revendiquer une place dans l'Histoire: elle doit revendiquer une place dans l'avenir. C'est pourquoi, au lieu de parler de l'héritage légué par chaque religion, on devrait plutôt évoquer la façon dont la civilisation de notre pays, nourrie notamment du fait religieux, peut répondre aux grandes questions du futur et attirer ceux qui le construiront."

Jacques Attali

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A
<br /> pour information pour ceux que cela interresse reunion du pg le 21 10 maison des a associations a 18h30.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Ce texte de Jacques Attali permet en effet de contrer les idées fausses qui circulent sur les thèmes de l'identité nationale ou religieuse. Bien sûr, J. Attali n'a pas écrit que des textes aussi<br /> éclairants, il est même devenu, comme tant d'autres, un individu qui cherche la lumière de l'éclairage médiatique, au risque de perdre son âme.<br /> Ce WE, j'ai peu côtoyé les medias, mais plutôt la famille élargie. Car, dans nos sociétés "démocratiques", les medias créent souvent l'événement. Sur France 2, les journalistes politiques font à<br /> Marine Le Pen une place comparable à celle qu'ils réservent aux grands tenors de la politique, alors que ce n'était pas le cas à une époque plus ancienne (c'était son père, que certains<br /> journalistes ne voulaient pas traiter comme un homme politique banal).<br /> Il en est de même pour le mariage princier, ou pour la religion catholique et ses symboles les plus rassembleurs. Les medias décident que ce sont des événements universels, qui vont créer un<br /> consensus, et, avec la bénédiction des politiques, vont tenir le peuple éloigné des réalités des conflits politico-sociaux.<br /> C'est à chacun de réagir à ces tentatives d'endormissement des esprits, à chacun, mais surtout pas dans son coin... Cela concerne la collectivité, particulièrement ceux qui croient à d'autres<br /> façons de gouverner la société et de conduire leur vie.<br /> A quand des ateliers de réflexion sur la culture, la religion, les représentations collectives, etc...?<br /> J'ai quand même regardé Thalassa, pour voir le reportage sur "Solidarité Pêche". JP Coïc fait partie d'ABT, ou je me trompe ? En tout cas, quelle énergie, cela fait plaisir à voir, et on a envie de<br /> soutenir ce genre d'action, et d'y participer.<br /> De même pour le CRADE de Rémi... C'est ce genre d'initiatives qu'il faut encourager, aider, et en profiter pour interpeller la population.<br /> Mais des groupes de réflexion sont aussi nécessaires, comme je l'esquissais plus haut, pour se clarifier les idées, puis déboucher sur des actions.<br /> <br /> Jacques Ménochet<br /> <br /> <br />
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