15 juin 2010 Écologie et politique : l'écologie est-elle de droite ou de gauche ?
Lors de la réunion de jeudi, plusieurs intervenants manifestaient leur malaise lors de l'action publique organisée par une association de lutte contre le projet CD 122, alors qu'une autre intervenante trouvait la forme de cette action originale et regrettait de n'en avoir pas eu l'idée elle-même, au nom d' « une autre logique pour Concarneau ». Pourquoi ce malaise ? Parce que l'origine sociale évidente de la majorité des représentants de cette association semblait en contradiction avec la sincérité de leur engagement pour un mieux-être collectif.
J'ai d'abord été étonné par l'expression de ce malaise, me souvenant sans doute de l'évocation de débats anciens, sous la période stalinienne, qui opposaient une « science de gauche » à une « science de droite ». Je ne voyais pas l'intérêt de parler d'une écologie de droite qui serait à opposer à une écologie de gauche.
Mais, avec un peu de recul, ce débat me semble juste. Nous pourrions parler des contradictions des scientifiques quand ils mettent leurs idées politiques libérales au-dessus des conclusions de la plupart de leurs homologues, comme le fait Claude Allègre, nous pourrions parler d'une difficile objectivité de la science quand elle est dépendante de ses sources de financement, souvent liées à des politiques économiques libérales...
Mais restons sur le terrain de l'écologie. En effet, quoi de commun entre l'écologie défendue par Yann Arthus-Bertrand, voire Nicolas Hulot, et le combat de militants qui défendent un accès pour tous aux biens communs, une agriculture respectueuse de l'environnement et des consommateurs, une limitation des transports polluants, etc... ?
Il me semble que l'écologie photogénique des premiers se limite à culpabiliser et moraliser les individus, comme le font certains hommes politiques dont le mode de vie énergivore est en contradiction avec leurs discours (voir entre autres exemples Al Gore et bien des stars médiatiques d'une certaine écologie). Les écologistes de cette tendance ont aussi à cœur de défendre leur niche écologique proche. Le journal Politis faisait état, récemment, de ces « bobos écologistes » qui s'enfermaient dans des territoires entièrement préservés des pollutions majeures, sans intérêt pour le reste de la planète. Pensons aussi à ceux pour qui l'écologie se limite à préserver pour eux-mêmes une alimentation saine et une santé florissante, comme une nouvelle pratique visant à se « distinguer », comme disait Bourdieu, des modes de consommation des autres classes sociales, et allant de pair avec des revenus conséquents...
Alors que la lutte pour l'écologie doit désigner les responsabilités : celles des états, celles des politiques dépendantes des conceptions économiques dominantes, celles des entreprises.... L'écologie doit être associée au combat social pour défendre le mieux-être de tous les citoyens, leurs conditions de vie et de travail, avec le sens de cette universalité que Marx plaçait dans le combat de la classe ouvrière pour son émancipation.
L'écologie est toujours politique, et quand elle ne l'est pas, on peut en effet douter de sa sincérité.
Jacques