28 janvier - demain, tous dans la rue !

Publié le par ababordtoute

A la veille d'un mouvement de grève générale dont on espère sans trop y croire que le bruit finira par atteindre la surdité, dont l'éclat balayera peut être un peu l'aveuglement, de nos gouvernants sans vergogne, que dire encore que chacun ne sache déjà sur les enjeux, et la violence, de ce qu'on fait subir à nos libertés, à notre santé, à l'éducation de nos enfants, sur le mépris affiché de nos acquis sociaux, de nos emplois, de nos retraites,  catalogue qu'on pourrait décliner  malheureusement à l'infini sur les atteintes répétées à notre espace social ....

Donc plutôt que de redire ce qu'on a partout, vu, lu,  écrit... vous livrer ce texte, subversif avant l'heure, d'un certain Etienne de la Boétie, (vous savez, le copain de Montaigne) qui écrivit à 17 ans, en plein âge de la Renaissance ( 1576 pour être précis), ce petit opuscule qui prône déjà la résistance, voire la désobéissance civile, face à la tyrannie, d'où qu'elle vienne.
Cela s'appelle: "discours de la servitude volontaire"
(éditions mille et une nuits)

A nous tous, millions de révoltés, de montrer , de crier, que nous n'acceptons pas d'être les serviteurs et les dupes d'un pouvoir qui nous trompe et cherche à nous faire taire !


"Pour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n'a de puissance que celle qu'ils lui donnent, qui n'a pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulent bien l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils n'aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire.

Chose vraiment étonnante - et pourtant si commune qu'il faut plutôt en gémir que s'en ébahir -, de voir un million d'hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu'ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d'un, qu'ils ne devraient pas redouter - puisqu'il est seul - ni aimer - puisqu'il est envers eux tous inhumain et cruel.
Telle est pourtant la faiblesse des hommes .../
Qu'un homme seul en opprime cent mille et les prive de leur liberté, qui pourrait le croire, s'il ne faisait que l'entendre et non le voir ?
Et si cela n'arrivait que dans des pays étrangers, des terres lointaines et qu'on vînt nous le raconter, qui ne croirait ce récit purement inventé ?

Or ce tyran seul, il n'est pas besoin de le combattre, ni de l'abattre.
Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude.
Il ne s'agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner.
Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui se font malmener, puisqu'ils en seraient quittes en cessant de servir. C'est le peuple qui s'asservit et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d'être soumis ou d'être libre, repousse la liberté et prend le joug ; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche.../

Comme le feu d'une petite étincelle grandit et se renforce toujours, et plus il trouve de bois à briller, plus il en dévore, mais se consume et finit par s'éteindre de lui-même quand on cesse de l'alimenter, de même, plus les tyrans pillent, plus ils exigent; plus ils ruinent et détruisent, plus on leur fournit, plus on les sert.
Ils se fortifient d'autant, deviennent de plus en plus frais et dispos pour tout anéantir et tout détruire.

Mais si on ne leur fournit rien, si on ne leur obéit pas, sans les combattre, sans les frapper, ils restent nus et défaits et ne sont plus rien, de même que la branche, n'ayant plus de suc ni d'aliment à sa racine, devient sèche et morte."


BONNE MANIF à TOUS ! Ne remballons ni nos slogans, ni nos banderolles, tant que nous ne serons pas entendus ! mais RESISTONS sans faillir !

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