5 mai- urbanisme ... suite
Un débat fourre tout ?
Le Télégramme a qualifié notre réunion de "fourre-tout" ...
Il est vrai que les thèmes n'ont pas été formellement ciblés à l'avance; la démocratie participative, cela ne va pas de soi. Entre les sujets "crottes de chiens" et les débats que ce journal qualifie abusivement "d'utopie", le champ est vaste pour cerner tant de projets qui conditionnent notre vie future.
Nous avons pourtant, semble-t-il évité de réfléchir au ras des pâquerettes, mais peut être la présence massive des élus majoritaires, avec des fiches préparées et des discours du même béton, a-t-elle un peu plombé le débat citoyen. Cependant tout le monde a le droit de s'exprimer, même si, à juste titre, un participant faisait remarquer assez vite qu'on n'était pas là pour des échanges de spécialistes à coups de chiffres plus ou moins bidon, mais pour parler, justement, d'utopie, pas si utopique en définitive.
Vous avez dit "utopie" ?
Car il suffit de lire la même presse pour constater chaque jour que telle commune, ou telle communauté n'hésite pas à innover, créer, imaginer en terme de développement alternatif, d'agencement de quartiers pilote en matière d'habitat durable, de transports gratuits, ou de recherche d'activités économiques nouvelles. Sans parler des possibilités pour un établissement public de créer une agence municipale de l'habitat et de l'urbanisme, d'user de son droit de péremption, ou d'envisager ses projets d'aménagement sans laisser la maitrise d'oeuvre à l'exclusivité des promoteurs immobiliers, trop contents de cette manne bénie.(Qu'on aille donc jeter un oeil sur les trois pages de pub laissées par Nexity sur le site officiel de la ville de Concarneau, qui ne parlent ni du projet concarnois, ni des besoins spécifiques de la population, mais d'un exposé général sur les bienfaits des résidences seniors )
On pouvait découvrir également aujourd'hui dans la presse la création d'un collectif qui veut faire d'autres propositions pour le CD 122 entre Kerampaou et Concarneau. Ils parlent notamment, comme nous l'avions déjà entendu évoquer lorsd'une réunion avec l'UDB, de développer le cabotage au lieu du transport routier. Utopie ou réalité de demain ?? Quand on voit que ce projet inclut la création de cinq ronds point anglais a minima, et le prix d'un tel équipement ( de 800 000 à 1 million d'euros), il y a effectivement de quoi se poser des questions !
Revenons à nos moutons...
Voici "en vrac" quelques questions abordées lors de notre débat
Gilles Germain (7 ans d'urbanisme à Concarneau, puis à Rennes) :
A chaque séance du conseil municipal, on aborde les questions d'urbanisme, mais au coup par coup, sans que se discerne un plan général. Où est la politique d'ensemble? Il faut générer les moyens d'un politique urbaine cohérente, durable et sociale, dans une légalité rigoureuse (notamment dans la modification du PLU). L'urbanisme ne peut pas se faire durablement sans l'avis de la population.
Avec la décentralisation, et malgré la complexité, cela devrait être discuté au niveau des habitants, des quartiers. Si certaines décisions municipales sont fixées, il doit y avoir des choses négociables.
Dominique Dieterlé (qui revenait de la 4C où a été voté le PADD, préalable au SCOT ... notons que l'adjoint à l'urbanisme de Concarneau a voté contre...! où est la cohérence municipale ? ...)
Le SCOT ( Schéma de cohérence territoriale) est porté par les communautés de Communes . La commune reste maître d'œuvre de son urbanisme, mais avec les règles du SCOT, afin de créer une cohérence du territoire communautaire.
Sur la 4C par exemple, Concarneau est liée à Trégunc (continuité urbaine) et forme un des pôles du territoire.
Sur les transports : développement entre nord et sud, entre littoral et arrière pays. Relation avec la SNCF par Rosporden.
Le SCOT détermine les capacités d'accueil de population sur les 20 ans à venir. Les tendances démographiques ne montent pas très haut, mais à la 4C, on privilégie la tendance maximum : en 2030, on compterait 2500 habitants de plus sur Concarneau, ce qui donnerait une projection de 1800 logements de plus (compris les logements sociaux). Le territoire n'est pas extensible et on se pose la question du pourquoi urbaniser à tout prix ?
On ne capte pas la jeunesse (prix de l'immobilier, retraités...) qui est l'avenir de notre ville pourtant.
Nous nous posons donc la question de l'urbanisme au service de qui, de quel type de population et de quoi?
Questions et débat
Accroitre ou non la population ? quels types de logements pour les futurs arrivants?
Gilles souligne que 1800 logements correspondent à 500 hectares minimum (36 logements à l'hectare). Il faudrait faire de l'incitation au regroupement des habitations, et à la limitation de la taille des parcelles, ce dernier point pouvant être imposé par la municipalité.La tendance à construire de plain pied est à combattre, aller vers plus d'étages au niveau des petits collectifs (sans faire des tours hautes!) ?
Resserrement des habitations : il y a 20 ans on comptait 261 familles sur 3 hectares. On assiste à un desserrement du logement : nous sommes passés de 4 personnes par logement à 1,8 maintenant.
Maintenir la population suppose de bâtir un certain nombre de logements, dont un bon nombre de logements sociaux.
Il y a 1924 logements sociaux à Concarneau. Le SCOT demande 27 logements sociaux par an. La municipalité a en prévision 93 logements sociaux entre fin 2010 et septembre 2011 (accession à la propriété non comprise)
Mais ce qu'on construit d'un côté peut être détruit de l'autre( étude sur la réhabilitation de Kerandon) .
Les quotas (État et SCOT) sont-ils justifiés? A-t-on fait le calcul du nombre de personnes en ayant besoin?
En ce qui concerne la ZAC décidée par la ville sur l'emplacement de l'ancienne usine Crown, le fait que la ville ne soit pas propriétaire des terrains (Crown, Habitat 29, Kerandon) n'empêche en rien une cohérence générale de l'avenir urbain de tout le quartier. D'autre part il y a un caractère illégal dans la manière dont a été menée cette révision du PLU pour laisser place à Nexity.
Pour le moment on laisse la paroles aux techniciens. Et la population? On constate l'accent mis sur le tourisme, les retraités, (ce qui n'est pas du développement économique), et les résidences secondaires? Il faut préserver du logement modeste notamment pour les jeunes, et la possibilité de vivre à côté de son travail.
Il y a des communes où l'on a décidé de ne pas augmenter la population (Elliant, Saint Yvi et dans une certaine mesure Melgven); le choix de freiner l'augmentation de population vient souvent de la volonté de garder une économie qui fait vivre (pas de prise sur l'espace agricole), et de ne pas devenir une cité dortoir.
En conclusion, l'accroissement de la population n'est qu'une projection par rapport, entre autre, au solde migratoire (moyenne des décès / moyenne des naissances).Ce qui veut dire que sur le territoire, il sera nécessaire de faire venir des gens. (formation post bac , développement économique etc . ). Et qu'en tout cas, parler de chiffres est difficile aujourd'hui... Comment prévoir?
Qui décide quoi ?
Certains expriment le fait que nous vivons dans une société où des gens décident pour nous (vote et tais-toi!) est ce que discuter y changera quelque chose? L'individu n'est pas un but mais un moyen (un payeur d'impôts, un consommateur...) donc on vise une population solvable.
On constate aussi un problème de croyance dans la démocratie (abstention, pas d'expression). Il est important que les gens s'expriment, mais encore plus qu'on les écoute, et qu'on tienne compte des votes... ( voir la constitution européenne !!)
Il existe des structures municipales permettant de s'exprimer où hélas les gens ne se déplacent pas ( conseils de quartier) . Pourtant , plus on est nombreux, plus on peut avoir d'impact.
On peut arriver à une situation où le nombre de logements n'a rien à voir avec l'accroissement de la population.
Il est accepté dans une certaine "culture" que les maires décident systématiquement d'augmenter la population. Les maires qui font le contraire sont-ils en accord avec leurs administrés et leurs instances?
Quelqu'un donne l'exemple du maire de Névez qui n'a pas les moyens de garder dans sa commune la mixité sociale et générationnelle.
Mais c'est parce que la solution n'est pas dans l'accession systématique à la propriété. Il faut construire des logements sociaux abordables, attractifs et de bonne qualité. Tout le monde n'a pas pour idéal de vie de devenir propriétaire... ni sans doute aussi, les moyens de le devenir. Cela n'empêche pas le droit à chacun d'être bien logé.
Autre exemple : certains soutiennent n'y a pas de responsabilité des maires dans la disparition des commerces des centres villes. car ils n'ont pas beaucoup de moyens. En réalité, il ne faut pas dédouaner les élus de leur responsabilité face à leurs zones d'aménagement !
Les transports
Accessibilité, possibilité de gratuité des transports en commun ? (malgré le “ce qui est gratuit perd de sa valeur" lancé par un participant). On vit dans une société de consommation et de propriété privée...
Busco c'est 800,000 euros / an + 200,000 euros de billetterie. ( ndrl : le prix moyen d'un rond point )
Ceci est lié également aux problèmes de regroupement des commerces au centre ou à la périphéries des villes. Ainsi qu'au mitage voire à la disparition des services publics.
Problème de la voiture en ville ? comment créer des réseaux urbains de transports qui soient une véritable alternative à la voiture et qui ne coûtent pas trop chers aux collectivités?
Sur le territoire 4C, ne pas renoncer face à la nécessité d'un transport en site propre entre Concarneau et rosporden notamment. Mais aussi entre Concarneau et trégunc.
Enjeux globaux et ressenti face à l'évolution actuelle de l'immobilier
Structure de concertation à inventer de façon à prolonger les conseils de quartiers, fragmentés. La municipalité peut donner un thème à un ou plusieurs conseils.
Il faut que les citoyens s'emparent du problème. Ce n'est pas aux élus de former ce genre de structure, les cadres institutionnels existent déjà. Mais la responsabilité d'organiser des débats publics incombe bien aux municipalités. L'économie de Concarneau est en pleine mutation, et il n'est pas simple d'aborder ces problèmes. Souvent les décisions se prennent à la va-vite...
On aborde ( trop rapidement ! ) le problème du Port de Concarneau, structure dans la ville et point d'ancrage pour les habitants et les activités économiques historiques.
Christian cite à ce sujet les articles parus dans la presse suite à La Transat : “AG2R symbole d'une mutation de Concarneau?” Il existe un comité (municipalité, CG29, CCI...) qui réfléchit sur tout cela... Et nous les habitants? Il sera nécessaire et fondamental pour la ville de faire une plus large concertation avant : le port c'est la ville et son progrès, Laisser faire les institutionnels c'est zapper les désirs et les besoins de la population.
Pour finir, on constate qu'on n'a pas abordé un des enjeux majeurs du développement urbain qui est le problème des appétits financiers en ce domaine. Si ne peut pas faire plaisir à 20,000 personnes, on sait aussi très bien que tout s'achète, on connait les intérêts financiers en jeu dans les choix politiques. Il ne s'agit pas de faire un procès d'intention, mais nous serons vigilants et... pas naïfs!