communauté d'agglo

Publié le par ababordtoute

Je vous fais part de l'intervention que j'ai faite au conseil communautaire 4C de ce jeudi 7 juillet où était voté le passage en communauté d'agglomération

J'ai voulu intervenir de façon positive tout en essayant de pointer les sujets qui peuvent fâcher, mais en imaginant que les élus pourraient profiter de cette opportunité pour saisir une chance d'amélioration de l'exercice démocratique au sein de cette instance

dominique dieterlé

 

Monsieur le président, chers collègues

 

Depuis un an nous avons participé à de nombreux séminaires, commissions, réunions, conseils qui nous ont engagés peu à peu sur les rails de cette nouvelle entité appelée « communauté d’agglomération ». Aujourd’hui la locomotive est en mode « chauffe » et je crois sincèrement qu’il n’est plus temps de sauter en marche. Il est évident cependant que de nombreuses réticences, dites ou pas dites, exprimées en public, ou saisies au vol dans les couloirs, font penser qu’au moment de passer au vote, certains parmi nous s’interrogent encore sur la destination du convoi, le prix du billet et de savoir s’ils auront une place pour eux mêmes et leurs administrés dans le bon wagon.

 

Arrêtons là les métaphores ferroviaires et interrogeons nous plutôt sur un certain nombre de points chauds auxquels je me permettrais d’apporter quelques suggestions.

 

C’est un euphémisme de dire que la réforme des collectivités territoriales voulue par le gouvernement nous est imposée à marche forcée, et que beaucoup d’entre nous craignent de voir se profiler à terme la disparition de la « commune » telle que nous la connaissons. Certains s’exprimeront peut être sur ce sujet spécifique que je laisserai donc de coté pour le moment.

 

Je précise du reste que je ne m’exprime pas ici en mon nom propre mais dans l’intérêt des citoyens qui m’ont amenée à cette responsabilité d’élue, et parce que j’appartiens à une sensibilité peu représentée dans les instances de notre communauté actuelle.

 

Je voudrais que nous nous saisissions tous ici de l’opportunité qui nous est offerte en ce jour pour réfléchir à des dimensions qui n’ont pas ou peu été évoquées dans les groupes de travail et qui pourraient nous donner la chance d’un nouveau fonctionnement puisque TOUT EST A INVENTER.

 

Fonctionnement interne de la 4C : jusqu’en 2014 au moins, nous ne sommes pas élus au suffrage universel direct, et nous fonctionnons selon un schéma héritée des débuts de la 4C, notamment en terme de parité femmes/hommes, de représentation des groupes politiques, d’élection des vice présidents.

Je demande que dans la réforme qui s’annonce, un groupe de travail puisse imaginer des alternatives novatrices à ce mode de fonctionnement qui en choque plus d’un / d’une, et qui n’est pas l’expression de la démocratie directe à laquelle nous aspirons tous.

 

Rationalisation, mutualisation, expertise : jusqu’alors dans les groupes de travail, d’ailleurs souvent pilotés par des « experts venus d’ailleurs », nous avons beaucoup parlé finances et rationalisation des dépenses. Je ne nie pas qu’il s’agisse d’un point essentiel de nature à inquiéter, ou rassurer, c’est selon, les communes et leurs élus, mais si la raison financière était la seule qui nous pousse dans le giron de la communauté d’agglo, nous ne serions plus alors que de simples gestionnaires, et je récuse cette manière de considérer l’élu du peuple. Raison est un mot qui doit beaucoup à Descartes, lequel n’était pas un imbécile, mais nous sommes, nous, redevables de nos actions également en terme qualitatif auprès de la population. Le développement humain est tout aussi important que le bilan financier, nous ne sommes donc pas seulement administrateurs ou experts rationnels, mais porteurs du bien commun et des besoins vitaux des gens qui nous ont élus.

D’autre part il y a dans le personnel de la 4C des compétences et des connaissances approfondies du territoire, de ses atouts, de ses problématiques. Dans la réorganisation probable des services qui suivra l’entrée en communauté d’agglo, je souhaiterais que nous réfléchissions à la possibilité d’un « pool d’études et de recherche», formé d’agents et peut être d’élus ayant des compétences spécifiques, qui pourrait nous dispenser de faire systématiquement appel à des cabinets d’experts qui ne connaissent pas les réalités de notre environnement.

 

3° proximité avec la population : nous savons tous que, pour des raisons que je ne développerai pas ici, beaucoup de gens se trouvent de plus en plus éloignés à la fois de la pratique politique et des services publics. Il est possible que l’un soit d’ailleurs plus ou moins directement la conséquence de l’autre. Le transfert de compétences à la communauté d’agglo éloignera encore un peu plus les citoyens des lieux de décision, des professionnels, institutionnels, des services, des élus auxquels ils viennent souvent confier leurs difficultés ou leur avis en matière de transports, action sociale, projets culturels ou prestations rendues par les syndicats mixtes, tout cela ayant vocation à entrer peu à peu dans la nouvelle administration.

 

Pourquoi ne pas imaginer dans le futur schéma de la communauté une délégation à la citoyenneté et à la démocratie participative qui répondrait aux questions des citoyens, servirait d’interface, organiserait l’expression des propositions de la population et qui disposerait, comme le services des ordures ménagères, de médiateurs pouvant effectuer des permanences sur tout le territoire afin que notre travail continue à s’exercer au plus près des besoins réels ?

 

 

En conclusion je dirai que beaucoup d’entre nous, qui pensent que tout cela va un peu trop vite, voteront sans doute « oui » à ce nouveau challenge. Ce sera mon cas. À condition que grâce à une vigilance accrue et une vraie vision politique (et non politicienne) nous nous engagions à ce que ce futur EPCI soit un outil de solidarité, de concertation, de service rendu à la population. 50 000 habitants c’est encore la possibilité pour nous d’une administration à taille humaine et d’une attention permanente aux habitants de notre territoire.

 

Soyez assuré, monsieur le président, que je serai pour ma part particulièrement attentive aux réponses que vous apporterez aux propositions concrètes, constructives, et je l’espère, inventives, que je viens de vous exposer.

 

Publié dans Conseils 2008-2014

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