Contre la vente de l'ancienne mairie : un acte citoyen

Publié le par ababordtoute

Le constat laconique des journaux locaux ne peut résumer les enjeux de la décision du conseil municipal de jeudi dernier :

 

"L'ancienne mairie sera vendue

18 voix pour, 14 contre et une absention: le conseil municipal de Concarneau a adopté, hier soir, la vente de l'ancienne mairie, dans une ambiance tendue à l'extrême (Le Télégramme d'hier). La manifestation des opposants avant la réunion n'aura rien changé. La transformation de ce bâtiment duXIXesiècle en magasin Celio est sur les rails. Contestée dès le départ par les conseillers socialistes et anti-libéraux, la sortie de ce bâtiment du giron municipal n'avait pas vraiment mobilisé l'opinion. Jusqu'à ces dernières semaines et la constitution d'un collectif qui dénonçait le prix de vente trop bas. Son action la plus symbolique a été est l'occupation du bâtiment. "
Le Telegramme  18 janvier

 

Photo parue dans Ouest-France le 17 janvier

 

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Le comité citoyen a essayé jusqu'au bout de convaincre les concarnois et les élus que cette solution était la moins adaptée à la situation et qu'elle palliait à un manque de projet véritable pour la ville et ses habitants, en s'en remettant à l'omnipotence d'un marché immobilier qui ne doit pourtant en aucun cas dicter une politique municipale. Peine perdue... à moins d'un recours juridique à suivre...

En attendant, nous pouvons méditer les arguments de nos élus d'ABT, à travers ces notes de Dominique Diéterlé :

 

Monsieur le maire

Nous n'allons pas refaire ici l'exposé des motifs et arguments en faveur de notre position. Ils ont été largement développés et leur redite ne vous convaincrait pas plus.
Disons plutôt que ce libellé s'adresse principalement à vous, monsieur le maire, et à vous Monsiieur Debuyser. Permettez nous d'user pour cela d'un florilège de vos citations dans la presse.

Le premier mot employé régulièrement par vous et votre adjoint est celui d'illégalité. Mon collègue peut présenter quelques observations à ce sujet sur ce que nous pensons être légal ou illégal. En tout cas faire entrer dans un espace qui leur appartient, des habitants enthousiastes en évitant les parties dangereuses et sans dégradation des lieux, n'a en soi rien d'illégal, puisque d'autres utilisent encore ces mêmes lieux pour leur activité syndicale ou associative. Quant à l'assertion selon laquelle nous avons violé les règles démocratiques en quittant un Conseil municipal, elle n'a pas de fondement juridique, ce que vous savez très bien. Mais peut être sauriez vous nous dire plutôt s'il est légal de signer des procurations en blanc , ou de s'en servir sans consigne de vote ?

Autres mots qui vous sont chers « pragmatisme et bon sens» opposés à « symbolique et battage médiatique ». Mr Besombes, qui est un communiquant professionnel, sait pertinemment qu'il n'y a pas de bonne communication sans imaginaire symbolique et sans recours aux médias. Chacun en ce domaine utilise les ressources et moyens qu'il a à sa disposition sans pour autant que la palme du bon sens revienne à l'un ou à l'autre. Quant au pragmatisme que vous revendiquez, voulez vous nous dire en quoi la vente d'un bien conséquent à prix dérisoire, pour en acheter un autre , la maison EDF à un prix élevé, et nécessitant des centaines de milliers d'euros de travaux est une opération de bon sens ? Beaucoup de Concarnois pensent au contraire que vous êtes aussi mauvais vendeurs qu'acheteurs, en d'autres mots que vous vous faites avoir.

Quoi d'autre ? «opération instrumentalisée à des fins politiques». Je ne vous contredirai pas totalement dans la mesure où je défends l'idée que toutes les actions initiées dans cette enceinte ont une résonnanace politique. Mais quand  on sait ce que ce mot recouvre chez vous de sous entendus méprisants, j'ai envie de vous dire sincèrement : vous vous trompez de combat. Que des personnes engagées diversement soient au coude à coude sur cette affaire, à coté de tas d'autres gens qui, eux, n'appartiennent pas à des organisations, ne prouve rien quant à vos allégations. Le propre d'un comité citoyen, comme celui qui défend l'hôpital par exemple, est de réunir le plus grand nombre de gens possibles autour d'un projet précis ou pour la défense d'un intérêt commun. Cela ne préjuge ni des accords ou désaccords qu'ils peuvent avoir sur d'autres sujets, ni d'un acte de campagne électorale. Faut il que cela vous préoccupe à ce point pour que vous voyiez partout des complots politiciens !

Je reviendrai aussi sur un autre terme que vous employez Vous pointez du doigt «le manque de propositions». Depuis que le sujet est arrivé sur la table du Conseil, nous n'avons  cessé de faire des propositions, et, si elles n'avaient pas votre agrément, nous avons demandé une concertation, une enquête, un forum ou un vrai débat avec la population, commerçants, habitants, associations et services pour envisager le réaménagement du Centre Ville. Car les gens ne vous ont pas signé un chèque en blanc pour que vous façonniez leur ville selon votre bon plaisir, et selon l'image, hautement symbolique, que vous vous en faites. Il y a mille façons d'interpeller les habitants sur leur devenir. Mais comme d'habitude tout se décide entre deux ou trois initiés : on ne tient pas compte des observations formulées en commission, on ferme le forum citoyen sur Internet parce que les contributions déplaisent, et on considère les minorités comme des voyous nuisibles. Je suis scandalisée.

Venons en maintenant à l'expression « contre-vérités ». Argument suprême asséné régulièrement aux médias. Je vous mets au défi, Monsieur le maire, de prouver que nous avons une seule fois menti dans ce dossier. Cette expression est donc sans aucun fondement. En revanche lorsqu'on veut nous faire prendre une photo de 1953 pour une image de 93, c'est une contre vérité. Lorsque Mr Besombes nous accuse de « vouloir nationaliser » la rue Dumont d'Urville, j'espère qu'il plaisante, parce que c'est une contre vérité. Lorsque je vois dans la presse ce matin que vous vous réjouissez de la rénovation de la CHAP'L en ville close, qui n'est plus inscrite au budget 2013, nous vous demandons de vous engager solennellement sur ce point ainsi qu'au sujet de l'épicerie sociale, ou nous en concluerons que ce n'est pas la vérité. Lorsqu'on retrouve dans le bordereau du conseil du 23 septembre 2010 que la maison EDF sera, je cite, « un espace mutualisé destiné aux associations s'inspirant de l'espace associatif de Quimper », alors que sa destination réelle est devenue totalement opaque dans vos projets, ne dirait-on pas que c'est une contre vérité ? On peut faire des erreurs, changer des projets, modifier des réalisations. Encore faut-il être capable de le reconnaître.

Et je termine, monsieur le maire par une expression galvaudée que vous avez employée, alors même que nous sommes dans un contexte international critique, à savoir que «  le comité prenait les Concarnois en otages » . Mesurez-vous la portée de cette expression ? En quoi d'ailleurs est elle justifiée ? Avez vous vu des Concarnois contraints à signer cette pétition ? avez vous constaté du tapage nocturne, de la violence autour de cette occupation ? Tous les gens qui sont passés là, y compris ceux qui soutiennent vos idées, ont été heureux de visiter les lieux, ont été reçus courtoisement dans le cadre d'échanges sereins. Bref, c'est une occupation exemplaire !
Et pour terminer là dessus, j'ai envie cette fois de m'adresser au Conseil dans son ensemble et de dire aux encore hésitants : ne laissez pas vos collègues faire une bêtise ! Prenez du temps pour cette concertation avec tous les habitants, pour savoir ce qui leur tient vraiment à cœur, pour élaborer un projet plus consensuel.
De mon point de vue, qui vaut ce qu'il vaut, vous rendriez ainsi service à une municipalité en fin de mandat qui n'a pas besoin de traîner derrière elle une telle casserole, vous donnez un gage démocratique à la population, et vous permettez même aux irréductibles de ne pas perdre la face. Laissez les nous taper dessus, comme d'habitude, nous avons le dos large. Dans tous les cas, vous transmettez aux suivants, quels qu'ils soient, le soin de bâtir un vrai beau projet pour le Centre ville avec et pour les Concarnois.
Dont nous prendrons acte !

Publié dans Conseils 2008-2014

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