devinette ??

Publié le par ababordtoute

qui a écrit ça ??

et à quelle époque, d'après vous, avec toutes les  correspondances que ces paroles font résonner encore aujourd'hui ?

 

"Chaque pas que l'on fait dans cette société hérissée de privilèges est marqué d'une tache de sang : à chaque engrenage du mécanisme gouvernemental, la chair du pauvre, broyée, tournoie et pantelle ; et les larmes coulent de partout, dans la nuit de douleur où nul ne pénètre. En face de ces tueries continuelles et de ces continuelles tortures, qu'est donc ce mur qui se lézarde, cet escalier qui s'effondre ?

L'heure que nous vivons est hideuse. Jamais la misère ne fut plus grande, parce qu'elle ne fut jamais plus consciente, parce que jamais elle ne côtoya de plus près le spectacle des richesses gaspillées, la terre promise du bien-être d'où on la refoule sans cesse. Jamais la loi qui ne protège que les banques ne pesa plus durement aux épaules meurtries du pauvre. Le capitalisme est insatiable, et le salariat aggrave l'antique esclavage. Les magasins sont bondés de vêtements, et il y en a qui vont tout nus ; ils regorgent de nourriture, et il y en a qui meurent de faim aux seuils des riches indifférents. Aucun cri n'est entendu ; quand une plainte plus haute perce la clameur douloureuse, les Lebels s'arment et les troupes s'ébranlent.

Et ce n'est pas tout.

Un peuple ne vit pas seulement de son ventre, il vit aussi de son cerveau. Les joies intellectuelles lui sont aussi nécessaires que les lois physiques. Il a droit à la beauté comme il a droit au pain. Eh bien, ceux qui pourraient lui donner ces joies impérieuses, ceux qui pourraient l'initier à cette beauté vitale, sont traités comme des anarchistes, battus comme des pauvres. Ils en sont réduits à vivre en solitaires. Une immense barrière les sépare de la foule à qui sont exclusivement réservés les répugnants spectacles, sur qui s'étend l'énorme, le sordide, l'intraversable voile de la bêtise triomphante. Nous assistons à un fait social inouï : c'est que, à cette époque, si riche en grands savants, jamais le goût public n'est descendu aussi bas, jamais l'ignorance ne se complut à de plus abjectes jouissances.

Eh bien, si l'heure que nous vivons est hideuse, elle est formidable aussi, c'est l'heure du réveil populaire. Et cette heure est pleine d'inconnu. La mansuétude des opprimés, des délaissés a duré assez longtemps. Ils veulent vivre : ils veulent jouir ; ils veulent avoir leur part de bonheur au soleil. Les gouvernants auront beau faire, se livrer aux pires réactions de la peur, ils n'empêcheront rien de ce qui doit arriver. Nous touchons au moment décisif de l'histoire humaine. Le vieux monde croule sous le poids des propres crimes. C'est lui-même qui allumera la bombe qui doit l'emporter. Et cette bombe sera d'autant plus terrible qu'elle ne contiendra ni poudre ni dynamite. Elle contiendra de l'Idée et de la Pitié : ces deux forces contre lesquelles on ne peut rien."

 

et ce "parti nationaliste" ne vous fait il pas penser à d'autres forces en action ici et maintenant ?

Un coup de force se prépare. C'est à vous, hommes libres, à vous qui êtes résolus à défendre le présent et à sauvegarder l'avenir, à vous tous que nous nous adressons. Écoutez :

Citoyens, les mêmes hommes qui ont voulu étrangler la Justice veulent étrangler la Liberté.

Peu nombreux, mais hardis et prêts à tout, ils ont fondu tous les partis en un seul. Cléricaux, royalistes, césariens, antisémites, nationalistes, ils sont les forces déchues du passé en lutte avec les forces émancipatrices de l'avenir.

Hommes libres, si vous laissiez passer, si vous laissiez faire, demain le parti nationaliste étranglerait la Liberté. Ce crime ne s'accomplira pas. ...

Les nationalistes disent : « Le pays est avec nous ». Ils mentent. Le pays, c'est vous, c'est nous, c'est le travail fécond. Ils ne sont pas le pays. Ils en sont les exploiteurs. Leur force, c'est votre inertie.

Républicains, démocrates, socialistes, révolutionnaires, libertaires ! Il n'est pas question aujourd'hui de marquer le triomphe d'un autre, il s'agit de défendre le patrimoine commun : la Liberté.

Formons une armée compacte de résistance, combinons nos forces pour l'action.

L'heure décisive a sonné. Soyons prêts. Sachons disputer aux bandes réactionnaires et liberticides la rue, la rue glorieuse, la rue des revendications énergiques, la rue des barricades et des révolutions

 


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R
Qui est le Ravachol, lecteur de la revue anarchiste "l'en dehors" qui pose cette devinette ?<br /> Ces extraits de textes ont été publiés le 1 mai 1892 et sont de l'auteur plus connu pour "Le journal d'une femme de chambre" filmé par Bunuel, que pour "Combats politiques".<br /> Il s'agit d'Octave Mirbeau.<br /> Qu'est-ce que j'ai gagné ? ;-)<br /> Roland
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