Du vote, de ses dérives et de ses dangers... Tribune libre

Publié le par ABABORDTOUTE

Qu’est-ce qu’une élection ?

 

En général on vote pour un programme, que ce soit pour les législatives, les régionales, les cantonales, les municipales. Dans ce dernier cas, la tête de liste, futur maire possible, peut influer sur les votes par sa personnalité, surtout dans les petites communes, surtout s’il n’a pas d’étiquette politique bien tranchée.

 

L’élection présidentielle, depuis 1962, paraît une aberration : on ne vote plus tellement pour un programme, mais pour un individu. On assiste à des joutes oratoires, entre plusieurs candidats, puis, à l’issue d’un premier tour, à une personnalisation exacerbée du processus de l’élection. Cela devient un combat de deux personnalités, qui cherchent à ne laisser personne indifférent, qui jouent davantage sur la critique de l’autre que sur la présentation de son propre programme. Il faut séduire, séduire les hommes et les femmes, les vieux et les jeunes, les bourgeois et les ouvriers, etc. Séduire à tout prix, quitte à promettre à tout crin, quitte à dire le contraire du programme défendu durant la première partie de la campagne, etc. On a oublié les programmes, les positions politiques, on veut « parler aux français », pour répondre à cette désignation floue de l’enjeu, à savoir « la rencontre d’une personne et d’un peuple »… peuple qui sera vite oublié...jusqu’à l’élection présidentielle qui suivra 5 ans plus tard.

 

Ce processus est totalement régressif , avec la télévision on peut s’en rendre compte : les deux candidats ne parlent plus « programmes », ils surjouent le héros, le gourou potentiel, le prêcheur inspiré, les formules vides mais facilement mémorisées sont soigneusement distillées dans les discours, c’est un combat quasi mythique…

 

Pourquoi les gens se laissent-ils capter par une telle fièvre ?

Le temps de la campagne, ils oublient leur réalité quotidienne et aspirent à un changement. Alors, changement pour changement, autant tenter le diable, pensent-ils, et essayer ce qui paraît neuf.

 

Sauf que...les personnages politiques cachent leur jeu sous l’espérance qu’ils font tout pour susciter… Sauf que… c’est la même chose à chaque élection. Sans remonter loin, on connaît les formules : « mon ennemi c’est la finance »,,, « moi, président », etc.

 

Sauf que… Le Pen, on connaît, c’est la fille de… et elle soutient le même programme : il y a un ennemi, c’est l’étranger, et fermer les frontières ce sera la solution universelle, puisque sa présence est à l’origine de tous les problèmes de la société française…

 

Sauf que...Macron, on connaît : il est à l’origine de la loi El Khomri et des lois Macron, qui consacrent la libéralisation du travail, la réforme du code du travail dans un sens défavorable aux salariés…C’est l’homme des commissions qui planchaient sur la « modernisation » de la société française... C’est très moderne de travailler de manière précaire, sans protection sociale, avec un revenu misérable… C’est l’ami des patrons et des banquiers, et pour lui, l’accession à des fonctions et à des revenus confortables, ça se mérite...(il serait temps de dénoncer cette méritocratie qui ne fait que conforter les inégalités sociales)

 

Alors, l’élection présidentielle exacerbe les passions, se joue sur le registre affectif, veut emporter l’adhésion… C’est oublier que, avant même qu’on puisse enfin réformer cette constitution et réduire fortement le rôle du président, quitte à supprimer ce mode d’élection, pour valoriser le rôle d’un parlement qui représenterait la diversité de la population, on peut utiliser le vote comme une stratégie éliminatoire. Malheureusement, c’est trop souvent le cas, pensons-nous. Et nous sommes tentés par l’abstention ou le vote blanc… Or, un vote réfléchi n'est pas souvent un vote d'adhésion, mais un vote contre, tout en sachant que le combat ne fait que continuer.

 

Chacun est confronté à ces élections qu’on subit, si on ne fait pas partie des exaltés.

 

Mais :

 

- les élections législatives suivront, et on doit tout faire pour envoyer au Parlement un groupe de députés qui correspondent à nos idées, pour faire pression sur l’exécutif.

 

- d’ici là, quelle que soit notre déception et notre sentiment de négation de ce qui nous attend, il faut réaliser qu’un des deux candidats sera élu, et que les conséquences seront lourdes.

 

- personnellement, je ne veux pas que Le Pen soit élue. Ce serait une première dans notre pays, depuis les trahisons de la collaboration. Malheureusement, depuis des années, on ne peut que constater que les hommes politiques de droite comme de gauche ont banalisé des idées d’extrême-droite dans leurs discours. Des intellectuels et des journalistes ont fait de même. Alors que Le Pen père suscitait la méfiance et le rejet dans les medias, Le Pen fille a été « normalisée » par bon nombre de journalistes, même sur le service public, et sur France 2 en particulier. Le travail de journaliste ressemble de plus en plus à un travail d’animateur de shows télévisés et les questions politiques ne sont (presque) jamais gênantes, elles valorisent tous les invités, jouent sur l’empathie, la psychologie à 2 balles…

 

Nous devons agir pour faire évoluer les institutions. Marre de voir ces politiques y renoncer une fois qu’ils sont au pouvoir… On ne doit plus subir ce cirque médiatique que représente l’élection présidentielle. Exigeons de nos représentants à l’assemblée qu’ ils abolissent la 5ème république, d’une manière ou d’une autre.

 

En attendant, nous ne devons pas connaître le triomphe du FN à l’élection présidentielle.

 

Jacques Ménochet

 

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